SOCIALGrève des professions libérales: Un échec pour Bercy?

Grève des professions libérales: Un échec pour Bercy?

SOCIALPrès de 80 organisations professionnelles ont appelé à la fermeture de leurs structures en opposition à la réforme des professions réglementées…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Cabinets, officines, laboratoires ou encore études notariales seront fermés ce mardi 30 septembre. En effet, l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) a appelé à une «journée sans professionnels libéraux» afin de protester contre le projet de «déréglementation» des professions libérales, envisagé par le gouvernement. Près de 80 organisations professionnelles ont répondu présentes. Il s’agit d’une mobilisation inédite dans l'histoire de ce secteur.

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Pour Michel Chassang, président de l’UNAPL, cette mobilisation est «une riposte à l’attitude d’un gouvernement qui, jusqu’ici, n’a donné aucun signe d’ouverture et persiste à vouloir maintenir une réforme absurde, qui va détruire un secteur d’activité dynamique et plonger les consommateurs dans l’insécurité la plus totale», affirme-t-il.

Si, pour le moment, les détails de la réforme ne sont pas connus précisément, les professionnels s’insurgent en se basant sur un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), remis en mars 2013 à Bercy mais publié ce 24 septembre. Celui-ci propose de libéraliser 37 professions pour faire baisser les coûts afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français. De son côté, l’UNAPL persiste et voit davantage en ce «projet de loi Montebourg-Macron», une menace.

«Ce texte est à la hauteur des craintes que nous avions»

«La réglementation protège le consommateur: n’importe qui ne peut pas faire n’importe quoi, n’importe comment, ni au prix qui lui chante», explique Michel Chassang. Notamment dans un «impératif de santé publique» justifiant «le monopole des pharmaciens», dit-il. Enfin, au-delà d’une réforme qui, pour lui, ne redonnera pas de pouvoir d’achat aux Français, celle-ci risque surtout d’avoir «un coût très lourd» pour l’économie française.

De son côté, le ministère de l’Economie joue la carte de l’apaisement depuis quelques semaines, en organisant des discussions entre les représentants de certaines professions et Emmanuel Macron. Et ce notamment, pour se démarquer des propos d’Arnaud Montebourg qui les avait qualifiés de «rentiers». Mais la publication «tardive» -selon les dires de l’UNAPL- du rapport de l’IGF semble avoir remis de l’huile sur le feu.

«Ce texte est à la hauteur des craintes que nous avions. Il s’agit d’une entreprise de démolition à l’encontre de nos professions», s’exclame Michel Chassang. Dans l’entourage du ministre de l’Economie, cette «journée sans professionnels libéraux» n’est pas synonyme d’échec dans sa stratégie de déminage du terrain et on affirme vouloir maintenir son cap.

«La manifestation n’a pas lieu d’être»

«Une concertation avec les professionnels concernés, notamment juridique, a été lancée depuis trois semaines. Et nous continuons de recevoir des représentants d’autres professions. Le but est toujours le même: écouter, rassurer, faire le point. Et ce, pour moderniser les professions en levant les blocages, mais sans les remettre en cause», affirme un proche d’Emmanuel Macron.

Dans ce contexte et selon cette même source, «la manifestation n’a pas lieu d’être». «Certaines craintes dans cette mobilisation ne sont pas justifiées», ajoute-t-elle. «Mais ils sont surtout mobilisés contre les propos d’Arnaud Montebourg. C’est pourquoi nous continuons à vouloir apaiser les tensions», confie l’entourage du ministre. De son côté, Michel Chassang prévient d’ores et déjà que la riposte sera «graduée»: «Si aucun signe positif n’est adressé de la part du gouvernement, d’autres actions plus dures seront menées.»