Six mois après sa signature, c'est l'heure de vérité pour le pacte de responsabilité: François Rebsamen a ouvert mercredi une réunion avec 50 branches professionnelles pour les rappeler à l'ordre, alors qu'une seule s'est engagée sur des créations d'emploi en contrepartie des aides reçues.

«Je compte sur l'engagement, à l'occasion de cette réunion», des employeurs, a déclaré le ministre du Travail à son arrivée, tout en exprimant sa volonté de «lancer une dynamique pour l'emploi, la formation et l'apprentissage».

Il faut que les patrons «aillent plus vite, mais moi je suis persuadé qu'ils en ont pris conscience», avait-il dit le matin même sur RTL. Mais «s'il y a des branches, des secteurs qui ne jouent pas le jeu, moi je suis là pour leur dire +cela ne peut pas durer+», a-t-il prévenu.

Conditions enfin réunies?

De son côté, Jean-François Pilliard, numéro un de la branche métallurgie (UIMM), a estimé avant la réunion que «les conditions (étaient) enfin réunies, avec la baisse des charges et de la fiscalité, pour que nous nous engagions». «Les entreprises et les branches sont engagées», a insisté le responsable du Medef.

La rencontre réunit plus de 200 représentants syndicaux et patronaux des 50 principales branches, «qui représentent près de 12 millions de salariés» au ministère des Affaires sociales - plus spacieux que celui du Travail.

A moins d'une semaine du vote de confiance demandé par Manuel Valls au Parlement, le gouvernement souhaite donner des gages sur les avancées du pacte, vivement critiqué par les députés PS «frondeurs».

Cette grand-messe de près de trois heures sera clôturée par Rebsamen. En échange de contreparties en matière d'emploi et d'investissement, le pacte prévoit 40 milliards d'euros d'aides publiques sur trois ans, financées par 50 milliards d'économie, que le ministre des Finances Michel Sapin a promis mercredi de réaliser malgré les difficultés économiques.

Guerre des chiffres

Depuis le relevé de conclusions paraphé le 5 mars par le patronat et deux syndicats (CFDT, CFTC), un seul accord a été signé dans un grand secteur: la chimie. Il prévoit 47.000 créations d'emplois entre 2015 et 2017. Des pourparlers ont eu lieu dans la métallurgie. «Un accord est possible, notamment sur l'alternance et la formation d'ici à fin septembre», a indiqué à l'AFP Gabriel Artero, numéro un de la fédération métallurgie CFE-CGC.

Pour le reste, c'est la guerre des chiffres: selon le Medef, 47 branches sont «déjà mobilisées» et une vingtaine devraient finaliser leurs discussions d'ici à la fin octobre, une donnée contestée par les syndicats, la CFDT évoquant des négociations dans seulement 20.