INTERVIEW«Une France en cessation de paiement relève du domaine de la science-fiction»

«Une France en cessation de paiement relève du domaine de la science-fiction»

INTERVIEW«20 Minutes» décrypte les déclarations de Valérie Pécresse avec Christopher Dembik…

L'ex-ministre du Budget et député UMP Valérie Pécresse a estimé ce mardi que la France se trouverait «quasiment en cessation de paiement» si les taux d'intérêt venaient «par malchance» à augmenter. «Nous empruntons aujourd'hui à peu près 360 milliards d'euros par an à court et à long terme. Si les taux d'intérêt remontent d'un point, cela veut dire que cela nous fera 3 milliards de dépenses de plus. De 2 points? 7 milliards». 20 Minutes a interrogé Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, qui dénonce une analyse erronée de la situation de notre économie.

La France risque-t-elle la faillite en cas de remontée des taux d’intérêt ?

De manière réaliste non, c’est une analyse erronée, assène Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank. La remontée des taux d’intérêts dont elle parle, fait référence à la question du crack obligataire aux Etats-Unis très évoquée sur les marchés financiers actuellement. Déjà le crack financier américain de 1994 n’avait pas affecté l’Europe. Seuls les taux des pays émergents dépendants du dollar avaient été impactés.

Alors aucune raison de craindre une hausse de nos taux ?

Les taux bas de la France ou même de l’Allemagne sont liés aux décisons de la Banque centrale européenne (BCE) et non de la Réserve fédérale américaine (Fed). Une France en cessation de paiement relève du domaine de la science-fiction. Il faudrait une hausse très forte des taux à 10 ans. Et encore, même avec des taux à 3%, il ne faudrait pas s’inquiéter, la France ne serait pas en défaut de paiment. Aujourd’hui ils sont proches des 1,4%, et ne cessent de baisser, atteignant des taux historiques.

La France est donc à l’abri ?

La France ne sera jamais en cessation de paiement, nous ne sommes pas la Grèce. C’est un terme de communication et analyse erronée de notre politique budgétaire. C’est même inquiétant de la part d’une ancienne ministre du Budget. Il ne faut certes pas oublier que la France est l’homme malade de la zone euro. Mais elle reste solvable.