BANQUEBNP Paribas: Quels risques pour les clients?

BNP Paribas: Quels risques pour les clients?

BANQUEFrais bancaires, accès au crédit, garantie des dépôts: «20 Minutes» passe en revue l’impact que pourraient avoir les sanctions brandies par les Etats-Unis sur les clients de la banque française…
Une publicité pour BNP Paribas le 6 mai 2014 à New York.
Une publicité pour BNP Paribas le 6 mai 2014 à New York. - RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA
Claire Planchard

Claire Planchard

Rien n’est encore joué mais la nouvelle révélée par le Financial Times le 13 mai dernier fait déjà trembler l’économie française: BNP Paribas encourrait des sanctions records aux Etats-Unis pour avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo, comme le Soudan et l’Iran. La presse évoque une pénalité de plus de 10 milliards de dollars ainsi qu’une suspension temporaire de ses activités aux Etats-Unis. Des chiffres qui «ne sont pas raisonnables», selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui est monté au créneau ce mardi.

Les multinationales en première ligne

Si le montant de l’amende se confirmait, BNP Paribas pourrait voir ses fonds propres nettement rabotés et son cours chahuté en bourse. Un double coup dur, alors que les établissements bancaires vont prochainement faire l’objet de tests de résistance pour évaluer leur capacité à encaisser de violents soubresauts économiques. «Cette revue des actifs bancaires tombe au plus mal pour elle, et aura certainement un effet boule de neige sur ses difficultés à aller chercher des fonds propres. Mais cela tient à une fragilité conjoncturelle et non structurelle de BNP Paribas», relativise Eric Delannoy, expert banque au sein du cabinet de conseil Weave.

Et l’impact pour sa clientèle devrait être contrasté. «En fait, tout dépend de quel client on parle», note Eric Delannoy. Les premiers touchés seront les grands clients institutionnels pour qui une suspension de la licence de BNP Paribas aux Etats-Unis signifierait la fin des transactions financières en dollars et l’impossibilité de travailler sur de grands projets internationaux.

Deuxième victime: les clients institutionnels dont les chartes de bonne conduite interdisent de travailler avec des banques condamnées pénalement. «Si la BNP est condamnée au pénal, ils devront potentiellement changer de banque, quitte à renoncer à des lignes de crédit», souligne Eric Delannoy.

Les particuliers a priori épargnés

Pour les particuliers en revanche, les conséquences sont moins évidentes. «Ils ne seraient impactés que dans la mesure où la pérennité de la banque serait mise en cause or même si les Etats-Unis vont au bout de leur logique, la BNP serait seulement affaiblie», note le spécialiste qui souligne qu’une amende record de 10 milliards d’euros correspondrait à «seulement» à année de bénéfices pour la banque qui dispose par ailleurs de 100 milliards d’euros de fonds propres.

Les associations de consommateurs s’inquiètent toutefois des risques de durcissement des conditions d’octroi de crédit ou de l’envolée des frais bancaires que pourrait décider BNP Paribas pour réduire ses risques et renflouer ses caisses. «On voit mal comment ces sanctions pourraient être uniquement répercutées sur les actionnaires: il nous paraît inéluctable que la branche clients particuliers doive aussi payer», explique Reine-Claude Mader, présidente de la CLCV.

«Ces stratégies existent mais elles me paraissent inopportunes dans un contexte de difficultés conjoncturelles et à un moment où on observe une baisse globale des tarifs bancaires qui sont de plus en plus encadrés et où la BNP après s’être enorgueillie d’être une des premières banques favorisant le crédit en Europe doit continuer à afficher une image de développement», note Eric Delannoy.

Mais pour la CLCV, BNP n’est peut-être pas la seule en cause. «Le plus choquant est qu’une banque aussi grande ait pu prendre un risque pareil sans savoir les sanctions auxquelles elle s’exposait. Et cela laisse craindre que la Société générale ou le Crédit Agricole soient aussi exposés», explique sa présidente.