BNP Paribas: Paris se mobilise contre une sanction trop lourde aux Etats-Unis
FINANCE•Le groupe bancaire français est accusé d'avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo...B. de V. avec AFP
Les autorités françaises, jusqu'au chef de l'Etat, montent au créneau pour préserver BNP Paribas d'une trop lourde sanction aux Etats-Unis, craignant pour la banque elle-même, mais aussi pour l'économie dans son ensemble.
Le groupe bancaire français est accusé d'avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo, comme le Soudan et l'Iran. Selon la presse, il pourrait se voir infliger une pénalité supérieure à 10 milliards de dollars (7,34 milliards d'euros) ainsi qu'une suspension temporaire de ses activités aux Etats-Unis, ce qui l’empêcherait de traiter des transactions en dollars.
Hollande en discutera avec Obama aux commémorations du Débarquement
Cette affaire mobilise jusqu'à l'Elysée. Le président François Hollande a ainsi l'intention de l'évoquer jeudi soir avec son homologue américain Barack Obama, lors d'un dîner organisé à l'occasion des commémorations du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.
«Le dossier sera évoqué (pendant le dîner) avec Obama», a annoncé à l'AFP une source diplomatique française. Cette question «figurera obligatoirement à l'ordre du jour et ils en discuteront», a-t-elle ajouté.
Avant cette rencontre, le gouvernement français est sorti pour la première fois de son silence ce mardi pour contester le montant de la pénalité avancé par la presse américaine et souligné que la France défendrait la banque.
Des chiffres pas raisonnables pour Fabius
«S'il y a eu une faute, il est normal qu'il y ait une sanction mais la sanction doit être proportionnée et raisonnable. Ces chiffres-là ne sont pas raisonnables», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à la chaîne de télévision France 2.
Le chef de la diplomatie française, qui suit le dossier avec le ministère de l'Economie, n'a pas hésité à mettre dans la balance les négociations en cours sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis (TTIP).
«Ce partenariat commercial ne peut être établi que sur une base de réciprocité. Or, là, vous auriez l'exemple d'une décision injuste et unilatérale. Donc c'est un sérieux et grave problème», a-t-il insisté.
Une conséquence sur les prêts aux clients?
Si l'amende devait atteindre la somme de 10 milliards de dollars, la première banque française par la capitalisation pourrait voir ses fonds propres être nettement rabotés, ce qui constituerait un coup dur pour elle, alors que les établissements vont prochainement faire l'objet de tests de résistance pour évaluer leur capacité à encaisser de violents soubresauts économiques.
De plus, cela amputerait sensiblement sa capacité à octroyer des prêts à ses clients puisque les nouvelles règles du secteur conditionnent le niveau des crédits accordés au montant des fonds propres.