FINANCESTaxe sur les transactions financières européennes: Un accord en trompe l’œil?

Taxe sur les transactions financières européennes: Un accord en trompe l’œil?

FINANCESAprès des mois de tractations, un accord a été conclu ce mardi entre 10 pays de l'UE...
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

Un petit pas pour la finance, mais un grand pas pour l'Europe? Une taxe sur les transactions financières (TTF), plus connue sous le nom de taxe Tobin, verra le jour en Europe au 1er janvier 2016 au plus tard et concernera dans un premier temps les actions et quelques produits dérivés, a annoncé mardi à Bruxelles le ministre des Finances autrichien Michael Spindelegger.

«Aller de l’avant»

Le projet de «taxe Tobin», embourbé depuis des mois, est reparti de l'avant mardi grâce à un accord intervenu entre les ministres des Finances de dix pays européens dont la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne.

«Cet accord marque la volonté d’aller de l’avant dans la régulation financière après la crise», affirme Christophe Blot, économiste à l’OFCE. Mais la taxe ne doit pas être le seul instrument et reste de l’ordre du symbolique, une proie facile pour les détracteurs», poursuit-il. Une opposition qui s’est fait ressentir quelques instants à peine après l’annonce de Bruxelles ce mardi.

«Une taxe en trompe l’œil»

Selon la Fédération bancaire française (FBF), «la TTF entraînerait une perte de compétitivité des entreprises françaises». «Elle entrainerait des distorsions de concurrence pour la Place de Paris qui serait affaiblie au profit des autres places financières internationales», explique-t-elle dans un communiqué.

Du côté des ONG, les critiques fusent aussi: «Les ministres européens des finances, dont Michel Sapin ont fait aujourd’hui le choix d’une taxe sur les transactions financières en trompe l’œil qui, si elle reste en l’état, ne répondra ni aux urgents besoins de régulation des marchés financiers, ni à ceux des populations les plus pauvres», selon l’ONG Oxfam France.

«L’annonce d’une première phase très vague sur les produits dérivés, en oubliant la solidarité internationale, est une reculade. Trois semaines avant les élections européennes, cette déclaration permet de fait beaucoup de bruit à peu de frais», assure Alexandre Naulot d’Oxfam France.

Une attente forte sur les prochaines étapes de la régulation

ONE France a aussi regretté que «l'affectation d'une partie des revenus de la taxe à la solidarité internationale ne soit pas incluse dans l'accord». Car les participants ne se sont pas plus mis d'accord à ce stade sur l'affectation du produit de la taxe que sur ses contours.

«François Hollande s’était engagé à convaincre ses homologues européens d’en consacrer une grande partie aux enjeux de solidarité internationale, la lutte contre le changement climatique et la lutte contre le SIDA. Ce sont des promesses non tenues», affirme l’ONG Coalition Plus interrogée par 20 Minutes.

Les yeux sont désormais rivés vers le sommet franco-allemand prévu ce vendredi durant lequel seront attendues des déclarations sur l’utilisation de cette taxe européenne. «La régulation doit se poursuivre, explique Christophe Blot de l’OFCE. Régulation bancaire, encadrement des marchés, du crédit, et régulation macro-prudentielle sont les prochaines étapes que nous sommes en droit d’attendre.»