L'agroécologie, le nouveau dada des scientifiques et des politiques
AGRICULTURE – Elle est présentée comme l'agriculture du futur...Céline Boff
L’agroécologie. Si vous passez sur le Salon de l’agriculture, qui se tient à Paris jusqu’au 2 mars, vous entendrez certainement ce terme. Car c’est le concept du moment. Et il est défendu au plus haut niveau, puisque le gouvernement l’a placé au cœur de son projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, qui sera discuté en avril au Sénat.
Le principe? Produire autant, voire plus, tout en respectant l’environnement. Autrement dit: faire mieux, avec moins. L’idée n’est pas nouvelle. «Mais ce qui l’est, c’est le foisonnement d’initiatives sur le terrain et le fait que la communauté scientifique se soit emparée de ce sujet et en fasse une nouvelle discipline, au carrefour de l’écologie et des sciences agronomiques», explique Jean-François Soussana, directeur scientifique Environnement à l’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique.
Miser sur la biodiversité
Certes, les chercheurs se préoccupent depuis les années 1970 de l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Mais un certain nombre d’entre eux se détournent désormais des intrants -les engrais et autres semences- pour se concentrer sur la régulation écologique. C’est-à-dire sur une meilleure utilisation de la biodiversité.
L’idée est, par exemple, de placer certains insectes dans les parcelles pour qu’ils puissent dévorer les pucerons, plutôt que de répandre des produits phytosanitaires. Ou encore, de ne pas cultiver un seul type de céréales sur un territoire, mais d’en mixer plusieurs, ce qui limite naturellement la propagation des maladies… Et donc l’utilisation des pesticides.
Mais finalement, quelle est la différence entre agriculture biologique et agroécologie? «La première est une partie de la seconde, qui est plus diversifiée», répond Jean-François Soussana. «L’agroécologie consiste à définir l’ensemble des méthodes et techniques qui nous permettrons de changer les systèmes agricoles, de parvenir à une agriculture écologiquement régulée tout en étant performante au plan économique.»
Les tablettes, les drones et les robots
Pour que le monde agricole évolue vers ces nouvelles pratiques, il faudra bien sûr trouver des financements, développer des formations et miser aussi sur les nouvelles technologies –smartphones, tablettes, drones, robots, etc. Celles-ci pourraient jouer un rôle décisif, en aidant les agriculteurs à mettre en œuvre les bons traitements.
Si les associations de défense de la nature se réjouissent de ce virage, elles estiment que le temps presse. Et qu’au-delà des bonnes intentions, des décisions doivent être prises. Et des objectifs, fixés.
«Il est urgent de changer de modèle: les pratiques agricoles aggravent les phénomènes d’inondations et leurs impacts. L’impact sanitaire des pesticides est de plus en plus décrié par les scientifiques», argue Jean-Claude Bévillard, responsable des politiques agricoles à France nature environnement (FNE). «Si Stéphane Le Foll prône l’agroécologie dans ses discours, les actes, souvent, ne sont pas au rendez-vous».