AGROALIMENTAIRE«Horsegate»: Un an après, la petite cuisine des plats préparés continue

«Horsegate»: Un an après, la petite cuisine des plats préparés continue

AGROALIMENTAIRELe scandale de la viande de cheval frauduleusement substituée à la viande de bœuf a ébranlé la filière sans véritablement changer la donne pour le consommateur...
Claire Planchard

Claire Planchard

11 février 2013: Bercy convoquait une réunion de crise avec les professionnels de la filière agroalimentaire. Quelques jours plus tôt, la présence de viande de cheval dans des plats cuisinés à base de bœuf (lasagnes, cannellonis, moussaka ou hachis parmentier) était confirmée par les services de la répression des fraudes entraînant des retraits massifs de produits Findus, mais aussi des marques distributeurs Auchan, Casino, Carrefour, Système U, Cora, Monoprix ou Picard. Au cœur du scandale: des soupçons de fraude massive impliquant deux intermédiaires clés de la filière, le grossiste de viande Spanghero basé à Castelnaudary (Aude) et l’usine luxembourgeoise du fabricant de plats surgelés Comigel.

Chute des ventes et restructurations

Les Français découvraient alors avec stupéfaction la complexité d’une filière d’approvisionnement qui menait à des courtiers chypriotes et des abattoirs roumains. Un choc à l’origine d’une crise de confiance majeure: une semaine après ces révélations, les ventes de plats cuisinés à base de bœuf s’effondraient de 45% selon le panel Nielsen. En deux semaines la perte sèche s’élevait à 2 millions d’euros, entraînant la faillite de petites PME comme Fraisnor ou Gel Alpes, mais aussi celle de Spanghero, repris in extremis en juillet dernier par son fondateur et rebaptisé depuis La Lauragaise.

Un an plus tard, le marché des plats cuisinés continue à accuser le coup mais impossible d’obtenir des chiffres précis. Silence radio chez Nielsen, mais aussi chez Findus, Picard, ou Cookup Solutions (ex-Comigel) tous sollicités sans succès par 20 Minutes.

«On enregistre en 2013 une baisse globale en volume de -4% des ventes de plats cuisinés surgelés (hors légume) tous circuit de distribution confondu sur un marché en baisse de -3 %. Ce n’est pas bien mais ce n’est pas non plus une crise majeure, il y a eu des reconquêtes », relativise sans entrer plus dans le détail Christian Millet, secrétaire général des Entreprises des Glaces et Surgelés, syndicat réunissant les principaux fabricants de surgelés, dont Marie et Findus.

Transparence insuffisante

Pourtant malgré les engagements à la transparence des professionnels, rien n’a changé ou presque pour les consommateurs. Selon une enquête publiée en décembre par l’UFC-Que Choisir, 2/3 plats cuisinés au bœuf ne mentionnent toujours pas l’origine de la viande. Côtés distributeurs, seuls Picard (83%) et Auchan (78%) jouent le jeu, et seulement quatre marques nationales informent correctement le client: Panzani, Marie, Findus et Fleury Michon. «Seuls ceux qui ont été directement touchés par la crise ont modifié leurs pratiques, les autres essaient toujours de passer entre les goutte pour conserver des filières aussi opaques, complexes et surtout variables car c’est cela qui leur permet d’acheter le moins cher à tout moment à n’importe quel endroit du globe pour augmenter leurs marges», dénonce Olivier Andrault, chargé de mission agroalimentaire à l’UFC Que Choisir.

Quant à l’obligation d’étiquetage de l’origine des viandes, adoptée par le Parlement français dans le cadre de Loi sur la consommation, elle restera sans effet tant que Bruxelles ne lui emboîtera pas le pas. Ce que la Commission européenne refuse toujours de faire depuis un an.