Les Français achètent (un peu) moins de meubles

Les Français achètent (un peu) moins de meubles

CONSOMMATION – Les professionnels de la fabrication et de la distribution d'ameublement viennent de communiquer leurs résultats 2013...
Céline Boff

Céline Boff

Et ça continue d’aller mal. Après avoir reculé de 3% en 2012, le marché de l’ameublement neuf s’est encore contracté de -2,9% en 2013. Certes, cette baisse est à relativiser: il s’est vendu pour 9,27 milliards d’euros de meubles en France l’an dernier, soit presque un milliard de plus qu’il y a dix ans (8,31 milliards en 2003).

Reste qu’après une année record en 2011, la dégradation se confirme et, à l’exception notable de la literie (+1,6%), elle se décline dans tous les segments: de la table de jardin au placard de cuisine, en passant par l’armoire de toilette, le buffet ou encore le coffre pour enfant. Le salon est particulièrement malmené, avec un recul de -3,4%. La faute à la vente en ligne, à «ces sites Internet qui pratiquent des promotions à outrance sur des meubles d’importation», peste Didier Baumgarten, président de la Fédération du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison (Fnaem).

Côté distributeurs d’ailleurs, si les magasins spécialisés résistent un peu mieux à la morosité, tous les circuits sont en perte de vitesse. Y compris les mastodontes. Ikea n’y échappe pas: le géant suédois reste le numéro 1 de la vente de meubles en France, mais ses ventes ont baissé de 4,3% sur son exercice 2012-2013. Du jamais vu pour l’enseigne jaune et bleue.

Les professionnels espèrent une reprise en 2014

Comment expliquer ce recul? Par la crise, bien sûr, qui incite les consommateurs «à épargner plutôt qu’à consommer», répondent les professionnels. Mais aussi par la morosité du secteur immobilier. «Le changement de mobilier reste principalement conditionné au déménagement, la baisse estimée de 9% des transactions immobilières à fin 2013 n’a donc pas joué favorablement pour les résultats du secteur, de même que les mises en chantier de logements neufs en baisse de 6% à fin novembre 2013 sur douze mois glissants», arguent les spécialistes.

Jean-Louis Baillot, président de l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (Ipea), veut croire à une reprise en 2014: «Nous devrions retrouver l’équilibre cette année, puisque les intentions d’achat des Français sont fortement orientées à la hausse.» Mais se tourneront-ils vers les circuits traditionnels? Pas si sûr. Car les Français semblent de plus en plus séduits par l’occasion et la récupération.

Les meubles français se vendent bien à l’export

Pour la sociologue Michelle Dobré, qui a mené une recherche sur les rapports que les Français entretiennent avec leurs objets, la plupart des consommateurs «font tout pour donner, non pas une seule deuxième vie, mais une multitude de vies aux objets, et c’est particulièrement vrai pour l’électroménager et pour le mobilier». L’experte estime que la volonté d’acquérir du mobilier d’occasion pour le transformer et le personnaliser est également une tendance de fond. Un moyen, pour les citoyens, «de reprendre la main» sur leur environnement, de plus en plus normé et uniformisé.

En attendant, les professionnels du meuble peuvent se réjouir de leurs performances à l’export: leurs ventes y ont progressé de 4%, notamment à destination des Etats-Unis. A l’inverse, les ventes en France de meubles en provenance de Chine sont en recul très net, à -17%. La mondialisation a parfois du bon pour l’économie hexagonale.