La location de bateaux entre particuliers, nouveau marché de l’économie collaborative
CONSOMMATION•Le bateau est le dernier arrivé sur le segment de l’économie collaborative, qui permet le partage de bien entre particuliers...Bertrand de Volontat
Il y avait le partage d’appartements (Abritel, Airbnb…), le covoiturage (Blablacar…), il y a désormais le partage de bateaux. «C’est une solution d’avenir sur un marché de la propriété en crise», explique Olivier Guiraudie, co-fondateur de la startup SailSharing, qui propose une soixantaine de bateaux en location entre particuliers, à l’occasion du salon nautique international qui se tient actuellement à Paris.
Aujourd’hui, malgré une pratique nautique qui ne faiblit pas, avec un million de locataires par an, le marché du neuf faiblit car le coût d’une embarcation est élevé. Le problème est triple: la place au port est dure à trouver, l’entretien du bateau compte pour 10% du prix d’achat qui lui-même est d’environ 100.000 euros. Le confier en gestion pour le louer permet de financer ce coût à hauteur de 50%.
Au niveau d’Airbnb dans cinq ans
L’économie collaborative permettrait aux 800.000 propriétaires français -dont seulement 500.000 naviguent- qui n’utilisent en moyenne leur bateau que quinze jours par an et quelques week-ends de financer et rentabiliser leur bien. Du côté des locataires, en recherche de bons plans et de nouveautés, plus il y aura de bateaux et plus les prix baisseront. «La location entre particuliers de bateaux est une pratique encore peu démocratisée, poursuit Olivier Guiraudie. Nous sommes dans la position d’Airbnb il y a quatre ou cinq ans.»
Les Français SailSharing et Boaterfly -entreprises démarrées cet été- font partie des entrepreneurs qui se sont lancés sur ce marché, largement dominé par les précurseurs américains MyDayBoat ou GetMyBoat. «Nous avons un problème de public, que nous devons rajeunir sur le modèle américain, et relancer l’achat de bateaux.»
30% sous les tarifs du marché
Le prix est alléchant puisqu’il se place 30% moins cher que le marché. La présence d’un skipper est proposée et elle vous en coûtera 25% de plus, un skipper coûtant en moyenne 200 euros par jour. Le paiement sécurisé se fait sur le site -qui prend une commission de 15%- et ce n'est que lors de la «prise en main» du bateau que se rencontrent physiquement loueurs et locataires.
«Nous sommes pour l’instant passé une fois pour vérifier l’état des bateaux, explique Olivier Guiraudie. Nous faisons une évaluation du locataire comme Airbnb mais nous n’avons pas encore de produit d’assurance.» Les dégâts sont à ce jour au frais du propriétaire (et de son assureur).
Pour justement rassurer les propriétaires le loueur doit envoyer un CV nautique (possession ou non d'un permis bateau, expérience de navigation...). 75% des demandes de location sont toutefois acceptées. Pour les voiliers, il n’y a pas besoin de permis bateau mais une formation sérieuse est demandée. Une formation qu’une immense majorité de Français ne dispose pas, le problème étant aussi principalement là, pour animer le marché de la location de la voile en France.