Réforme des retraites: Ce que vous allez devoir payer en plus
DECRYPTAGE•Revue de l’impact financier des mesures dévoilées mardi par le gouvernement...Claire Planchard
Salariés ou retraités: le projet de réforme du régime général des retraites va vous mettre à contribution pour résorber les 7,6 milliards d’euros de déficit à l’horizon 2020 et maintenir cet équilibre à l’horizon 2040. Gros plan sur les changements attendus sur les fiches de paye et les avis d’imposition des uns et des autres.
Retraités
Le projet de réforme présenté mardi met les retraités à contribution à travers deux mesures: le report de l’indexation annuelle des pensions sur l’inflation du 1er avril au 1er octobre et la fiscalisation de la majoration de 10% des pensions des retraités parents de trois enfants et plus.
Concrètement, la première mesure se traduira par un manque à gagner de 600.000 euros en 2014 pour l’ensemble des retraités et de 1,4 milliard en 2020, selon les simulations de Matignon.
La seconde mesure, ciblée sur les contribuables retraités assujettis à l’impôt sur le revenu, rapportera elle 1,2 milliard en 2014 en 1,3 milliard en 2020. Selon la société de conseil en retraite Maximis, cette fiscalisation représenterait une hausse d’impôt de 26 euros par mois ( 315 euros par an) pour une pension mensuelle de 1.700 euros, correspondant à la pension moyenne des salariés. Et de 38 euros (460 euros par an) pour une retraite de 2.500 euros.
Salariés
Pour les actifs, ce projet de réforme à un triple impact financier. En premier lieu, le relèvement progressif des cotisations retraites se fera directement sentir sur la fiche de paie dès l’an prochain: la hausse de 0,15 point prévue en 2014 entrainera par exemple un prélèvement supplémentaire de 2,15 euros par mois pour un salarié rémunéré au SMIC. Et en 2018, le relèvement total de 0,3 point représentera 4,5 euros de cotisation supplémentaire par mois, soit 54 euros par an pour un SMIC. Pour un salaire de 2.500 euros, le surcoût annuel serait de 45 euros en 2014 puis de 90 euros à compter de 2018. Le tout pour un rendement total estimé à 1 milliard d’euros dès 2014 et 2,2 milliards à l’horizon 2020 par Matignon.
Pour financer cette réforme les salariés pourraient aussi subir à l’avenir un relèvement de leur imposition: en effet, pour compenser la hausse des cotisations retraites patronales prévue dans son projet, une refonte du financement de la sécurité sociale est annoncée. Concrètement, elle pourrait se traduire par un allègement des cotisations familiales et maladie employeurs… compensé par une montée en charge de la CSG, qui taxe à la fois les revenus du travail et du capital ou de la TVA.
Enfin, le troisième coût, plus indirect, est lié à l’allongement progressif à partir de 2020 de la durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Cette mesure doit rapporter 2,7 milliards au gouvernement en 2035 via des cotisations supplémentaires. Toutefois pour éviter de travailler jusqu’à un âge trop avancé (68 ans pour un salarié ayant commencé à travailler à 25 ans), nombre d’actifs pourraient décider de solder leur retraite de façon anticipée et donc avec une pension moindre… D’autres pourraient aussi choisir de racheter des trimestres de leur période d’études post-bac. Le projet Ayrault prévoit en effet un rachat à tarif préférentiel dans les cinq à dix premières années de leur vie active et dans la limite de quatre trimestres. Selon les premières informations, ce tarif pourrait être 1.000 euros moins cher que les tarifs aujourd’hui en vigueur, soit entre 300 et 1.500 euros par trimestre racheté. Soit un coût total de 1.200 à 6.000 euros pour gagner une année de cotisation.