Les emplois d'avenir peinent à trouver leur rythme

Les emplois d'avenir peinent à trouver leur rythme

SOCIAL – Ce lundi, le ministre du Travail, Michel Sapin, vantera les mérites de ce dispositif, qui connait un démarrage décevant…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L’objectif des 100.000 emplois d’avenir d’ici la fin de l’année sera-t-il tenu ? Pas si sûr à observer le démarrage poussif du dispositif. Pour conjurer le sort, le ministre du Travail, Michel Sapin et la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti iront prêcher la bonne parole ce lundi, en participant à la signature d’emplois d’avenir dans dix établissements publics culturels.

L’occasion de remettre un coup de projecteur sur ce dispositif, qui peine à trouver son rythme de croisière. En déplacement à Lanester (Morbihan) le 1er juillet dernier, François Hollande a ainsi annoncé que «33.000 emplois d'avenir» avaient été signés, soit un tiers de l'objectif fixé par le gouvernement pour l'année 2013. «Le programme s'exécute comme prévu», a-t-il insisté, indiquant que l’objectif des «100.000 emplois d'avenir à la fin de l'année» serait respecté.

Des critères de recrutement très stricts

Un optimisme que ne partage pas Nicolas Bouzou, directeur-fondateur d'Asterès : «Le retard à l’allumage semble difficile à rattraper, sauf si le gouvernement desserre les critères pour bénéficier de ce dispositif », explique-t-il. Car pour l’économiste, les emplois d’avenir se heurtent à plusieurs obstacles. Le premier résidant dans le profil même de leurs bénéficiaires, car ils s’adressent à des jeunes de 16 à 25 ans, non qualifiés, qui ont connu une période de chômage de 6 mois lors des 12 derniers mois. Or, pour Nicolas Bouzou, «il n’y a presque plus d’emplois non qualifiés en France. La plupart des métiers exigent de savoir lire, écrire, utiliser l’informatique», souligne-t-il. Pas facile donc de trouver des missions en adéquation avec le profil de ces jeunes…

L’autre barrière est économique. «Les associations et les collectivités territoriales à qui s’adresse en premier ce dispositif sont en proie à des difficultés budgétaires. Et même si les emplois d’avenir, ont un coût limité pour les employeurs grâce aux aides de l’Etat (75% de la rémunération brute mensuelle au niveau du Smic), ils nécessitent de s’engager à recruter en CDI ou en CDD pour une période de 1 à 3 ans, ce que beaucoup de structures hésitent à faire». D’autant que le dispositif requiert un accompagnement personnalisé du jeune, que beaucoup de petites structures craignent de ne pouvoir correctement assurer.

Par ailleurs, certaines missions locales font état de leurs difficultés à motiver des jeunes, qui ont décroché tôt scolairement et qui ont enchainé les petits boulots. Des parcours chaotiques qui ont laissé des traces et les empêchent parfois de croire à un avenir meilleur et de s’investir dans des projets à plus longs termes.

Pour garder le cap, le gouvernement mise sur la rentrée. Car septembre devrait apporter un coup d’accélérateur au dispositif grâce aux recrutements effectués par les collectivités dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Une mission d'information de l'Assemblée nationale va également se pencher sur l'application de la loi sur les emplois d'avenir, sous la houlette du socialiste Jean-Marc Germain pour apporter des propositions d’aménagement. Reste à savoir si le gouvernement décidera aussi d’assouplir le dispositif, en jouant sur la durée des contrats, ou sur une extension des emplois d’avenir aux entreprises du secteur privé, qui ne constituent pour l’heure que 4% des employeurs des jeunes bénéficiant de cette mesure.