Auto-entrepreneurs: Pourquoi les Poussins volent dans les plumes de Sylvia Pinel?
DECRYPTAGE•Point d'étape sur les revendications du collectif d'auto-entrepreneurs contre le projet de réforme de leur statut préparé par la ministre de l'Artisanat...Claire Planchard
Après #geonpi et #autruches, #pioupiou est le nouveau hashtag-plumé qui monte sur Twitter. C’est avec ce cri de ralliement que le collectif des Poussins bat le rappel des auto-entrepreneurs depuis le 30 avril pour protester contre le projet de réforme de leur statut actuellement en préparation à Bercy. Les clefs pour comprendre cette nouvelle bataille entrepreneuriale.
Qui sont-ils?
Même revendication, même méthode: à l’image de leurs cousins les Pigeons, le collectif d’entrepreneurs du Web qui ont réussi faire reculer le gouvernement sur la taxation des plus-values de cessions de valeur mobilières, le mouvement Défense Poussins se veut un «mouvement citoyen indépendant», à «l’organisation horizontale et participative». Son instigateur et porte-parole est Adrien Sergent: ce jeune Marseillais âgé de 19 ans était devenu en 2009 le premier auto-entrepreneur mineur pour développer applications et jeux vidéos.
>> Lire l'interview d'Adrien Sergent, porte-parole de Défense Poussins
Que veulent-ils?
L’abrogation pure est simple de deux projets clés de la ministre Sylvia Pinel. Le premier est la limitation de la durée du régime à une période «de un à cinq ans» lorsqu’il concerne l’activité principale. Après la cacophonie gouvernementale sur le sujet, il semblerait que cette limitation soit réservée non pas aux seuls métiers du bâtiment mais à tous ceux de l’artisanat (coiffure, plomberie réparation automobile, on notamment été cités par le ministre dans une «préliste non exhaustive»). Autre mesure visée: l’abaissement du plafond du chiffre d'affaires annuel pour les activités secondaires à 10.000 euros annuels pour les services et 27.000 euros pour les commerçants (contre respectivement 32.600 euros et 81.500 euros actuellement). L’objectif affiché par le gouvernement est de lutter contre la concurrence déloyale dont les artisans du régime général s’estiment victimes contenus des charges allégées des auto-entrepreneurs mais aussi mieux accompagner les activités à potentiel vers la création de sociétés classiques. Pour les Poussins, il s’agit au contraire d’un ultimatum qui se solderait par le «plus grand plan social de l’histoire»: en poussant des dizaines de milliers d’autoentrepreneurs au chômage.
Quels sont leurs réseaux?
Ces lobbyistes 2.0 adoptent le même mode opératoire que les Pigeons avec une prédilection pour Internet, Twitter et Facebook. Leur pétition en ligne avait déjà recueilli plus 74.000 signatures ce mardi, et les soutiens de poids de la présidente du Medef, de la Fédération des auto-entrepreneurs (Fedae), ou de Jean-David Chamborédon, le porte-parole des Pigeons. Avec leurs logo et slogans accrocheurs, ils ont réussi en un mois à gagner de la voix dans les médias, y compris à l’étranger, et comptent ainsi peser sur la concertation que Sylvia Pinel souhaite boucler mi-juin. Jeudi matin, après une réunion de travail organisée avec les syndicats professionnels du bâtiment et de l’artisanat, son porte-parole sera reçu à Bercy pour remettre sa pétition. D’ici là, la mobilisation des «pioupiou» ne fléchit pas: mot d’ordre «faire monter la pétition à 100.000!».