SONDAGELe pouvoir d'achat s'enlise dans la crise

Le pouvoir d'achat s'enlise dans la crise

SONDAGE58% des Français se préparent à baisser leurs dépenses en 2013, selon un sondage réalisé par Mediaprism et «60 Millions de consommateurs»...
Claire Planchard

Claire Planchard

La consommation, traditionnel moteur de l’économie française, est en grave danger. C’est l’alerte lancée ce lundi par l’Institut national de la consommation qui s’apprête à publier dans le numéro de mai de son magazine 60 Millions de consommateurs un sondage réalisé avec Mediaprism* sur la perception par les Français de leur pouvoir d’achat.

Des habitudes de consommations chamboulées

En 2012, 78,8% des Français estiment ainsi que leur pouvoir d’achat a baissé et 77,2% anticipent une baisse dans les 12 mois à venir. En tête des postes de dépenses les plus pénalisants, 85,6% citent l’énergie, suivent l’alimentation (72,9%), la fiscalité (71,6%) et l’auto-moto/carburant (69,5%).

«Vieux, jeunes, provinciaux et parisiens, tout le monde est désormais touché», résume Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 Millions de consommateurs. Et même si ce ressenti est amplifié par rapport à la réalité des chiffes (le pouvoir d’achat a reculé de 0,4% en 2012 selon l’Insee), il a eu un impact négatif sur la consommation de 75,4% des sondés.

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«Aujourd’hui deux tiers des Français déclarent être dans une situation financière délicate, 42% avoir supprimé certaines dépenses et se priver plus qu’avant et un quart avoir de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts en fin de mois», résume Laurence Billot-David, directrice du pôle Etudes de Mediaprism.

Des arbitrages de plus en plus douloureux

Plus inquiétant encore: après avoir puisé dans leur épargne (plus de 50%) et rogné sur les postes de dépenses «non essentiels» (épargne, loisirs, vacances, habillements), un Français sur deux avoue avoir réduit en partie son budget alimentation.

«On a passé un cap: on est à la limite du conjoncturel et du structurel car les Français sont plus nombreux à dire qu’ils vont réduire leurs dépenses d’une façon générale en 2013 (58,4%) qu’en 2012 (54,2%)» note Thomas Laurenceau. «Et ce qui nous alerte aussi c’est l’aggravation de la fracture sociale en fonction des revenus, avec d’un côté ceux qui ont encore des marges de manœuvre pour arbitrer (plus de 3.000 euros mensuels) et ceux qui avec moins de 1.500 euros ont même dû, dans un cas sur trois, renoncer à leurs dépenses de santé», souligne-t-il.

Or face à cette situation critique, c’est le scepticisme voire la défiance qui domine vis-à-vis des pouvoirs publics, 78% Français estimant ne pouvoir que compter sur eux-mêmes, et 66% que le gouvernement ne sent pas concerné par le sujet.

*Sondage réalisé du 15 au 25 février 2013, sur Internet auprès d’un panel représentatif (méthode des quotas) de 1.332 personnes âgées de 18 ans et plus.