Réformes économiques: François Hollande dévoile ses intentions
FISCALITE•Les alloc ne seront pas taxées. Mais les entreprises devront payer la fameuse taxe à 75%...B. de V. avec AFP
François Hollande a levé le voile jeudi sur ses intentions et a en partie surpris. Il s'est exprimé à propos de projets de réforme très sensibles pour les Français, celui des retraites d'abord, en se prononçant pour un allongement de la durée de cotisation et une réduction des allocations familiales pour les plus aisés, et la taxe à 75% d'autre part.Enfin il a confirmé qu'il n'y aurait pas d'impôt supplémentaire en 2013.
La taxe à 75% assumée par les entreprises
Même retoquée par le conseil constitutionnel, la réforme verra bien le jour. Sous une autre forme. Les entreprises seront mises à contribution dans le cadre de la taxe à 75%, pour la part des salaires supérieure à un million d'euros. François Hollande se range donc à l'avis du Conseil d'Etat, mais aussi du rapporteur du Budget Christian Eckert. Une mesure plus symbolique que rentable. Une mesure qui dérange la patronne du Medef, Laurence Parisot.
Pas d'impôt supplémentaire en 2013
Pour 2013, c'est fini. Pour 2014, en dehors notamment des hausses de TVA déjà annoncées, «il n'y aura aucune autre augmentation d'impôts», selon François Hollande. Pour financer la Sécurité sociale, nous en reparlerons. Je parle de l'Etat», a-t-il ajouté. «Faire des économies est la seule façon de ne pas défaire l'économie».
Durée de cotisation plus longue
«Il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues» car «on vit plus longtemps, l'espérance de vie s'allonge», a prévenu le chef de l'Etat. «Ce sera l'objet de la négociation avec les partenaires sociaux», a-t-il déclaré en ajoutant: «mais nous n'en aurons pas fini pour autant». Il n'a pas précisé les éventuels autres moyens.
Le chef de l'Etat est resté vague sur l'ampleur de l'effort financier à venir, rappelant que la réforme de 2010, qui a repoussé à 62 ans l'âge légal de départ, avait été «annoncée comme la dernière» par Nicolas Sarkozy et qu'elle n'avait pas empêché les déficits de se creuser.
François Hollande a fait valoir que les partenaires sociaux avaient été «très responsables» en prenant «des mesures très courageuses» pour l'avenir des retraites complémentaires. Leur accord du 13 mars entérine une baisse du pouvoir d'achat des retraités.
Révision des allocations des plus aisés
Sur le second dossier, ultra sensible, de la politique familiale, où l'enjeu est aussi d'assurer la pérennité du financement, François Hollande a aussi créé la surprise en promettant de revoir le niveau d'allocations pour les ménages les plus aisés. Aujourd'hui, les allocations familiales sont versées à tous les foyers, sans condition de ressources, à partir du deuxième enfant, un principe auquel la droite et les associations familiales sont particulièrement attachées.
Sans attendre les préconisations du Haut conseil de la famille (HCF), prévues le 4 avril, il a promis «des économies» pour ramener à l'équilibre la branche famille de la sécurité sociale, dont le besoin de financement est évalué à 2,2 milliards d'euros à l'horizon 2016. Le chef de l'Etat a indiqué que les «réajustements» obéiraient à «deux principes»: «pas de fiscalisation des allocations» et maintien de «l'universalité». Mais «que les plus hauts revenus aient les mêmes allocations, non! Ça sera revu», a-t-il tranché.
Le président a souligné son attachement aux allocations familiales «universelles», nées avec la Sécurité sociale après la Seconde guerre mondiale et réputées soutenir la natalité. «Nous avons depuis des années le plus fort taux de natalité d'Europe», c'est «un sujet de satisfaction», a rappelé François Hollande pour qui une fiscalisation des allocations serait «absurde».