ANALYSELa France condamnée à se réformer en profondeur, selon l'OCDE

La France condamnée à se réformer en profondeur, selon l'OCDE

ANALYSEL'Organisation de coopération et de développement économiques a livré mardi son étude économique «France 2013»...
Claire Planchard

Claire Planchard

L’économie française est malade et le chemin vers la convalescence s’annonce encore long et incertain. Voilà le message délivré mardi par les économistes de l’OCDE, dans leur nouvelle étude consacrée à la France

Vers une stabilisation du chômage en 2014

En matière de croissance économique, l’horizon s’est encore un peu assombri en fin d’année dernière. L’OCDE table désormais sur une croissance de 0,1% en 2013 (contre 0,3% attendu en novembre dernier), tandis qu’en 2014, elle conserve son scénario d’une reprise graduelle de l’activité. «La situation économique a été moins bonne qu’attendu au quatrième trimestre 2012 et au premier trimestre 2013, mais cela a été en partie compensé par un environnement international (hors UE et Etats-Unis) plus porteur, ce qui nous a conduit à ne pas modifier notre scénario de fond», explique Hervé Boulhol, chef du bureau France du Département des affaires économiques de l'OCDE.

Sur le front de l’emploi, pas d’inversion nette de tendance en vue non plus, comme l’espérerait le gouvernement. L’OCDE table seulement sur une stabilisation en fin d’année: «La hausse du chômage devrait atteindre un point haut à 11,2% (10,9% en France métropolitaine) au 4e trimestre 2013 avant de se stabiliser pendant un an, mais sans baisse réelle car pour cela il faudrait une croissance plus forte», analyse Hervé Boulhol.

«Ne pas ajouter de rigueur à la rigueur»

Dans ce contexte, l’OCDE confirme que l’objectif de réduire les déficits publics à 3% du PIB s’éloigne un peu plus pour le gouvernement français: l’OCDE table désormais sur un déficit à 3,5% du PIB en 2013 et 3% en 2014 (contre respectivement 3,4% et 2,9% annoncés lors de ses dernières prévisions en novembre).

C’est légèrement mieux que les prévisions de la Commission européenne, qui mise elle sur un déficit de 3,7% en 2013 et 3,9% en 2014. La raison de cet optimisme tout relatif: «Bruxelles ne prend en compte que les mesures actées aujourd’hui alors que nous incorporons les annonces du gouvernement en matière de réduction des déficits publics dès lors qu’elles nous paraissent suffisamment crédibles», explique Hervé Boulhol. C’est le cas notamment de l’engagement qui vient d’être pris de réduire de 0,8 point de PIB le déficit structurel du pays en 2014.

«Pour 2013, nous ne recommandons pas de prendre des mesures supplémentaires et d’ajouter de la rigueur à la rigueur au risque de dégrader davantage la situation économique», commente l’économiste. «En revanche pour 2014 le gouvernement a présenté une trajectoire, il faudra maintenant qu’il précise ses intentions sur les mesures pour l’atteindre dans son projet de loi de finance».

Or pour l’OCDE, pas de mystère: avec des dépenses publiques records qui atteignent 56% du PIB national, le pays a des marges de manœuvre importante pour réduire ses frais. Parmi les principaux leviers d’économies: la réforme des retraites (fin des régimes spéciaux au profit d’un système universel à point ou modification le système actuel de pension de réversion), la baisse des dépenses de santé et notamment les médicaments, ou encore réforme du millefeuille territorial (fusion des plus petites communes et suppression des départements).

Doper l’économie sans creuser les déficits

Mais les efforts de réforme ne doivent pas s’arrêter là. Selon l’OCDE, la France doit aussi réformer en profondeur son marché du travail et modifier la structure de ses prélèvements sociaux. En la matière, elle salue le crédit d’impôt compétitivité emploi ou encore les accords de maintien de l’emploi prévu dans l’accord sur la modernisation du marché travail. «Mais il faut aller plus loin et réduire la pression fiscale qui pèse sur le coût du travail et les investissements des entreprises», explique l’économiste.

Libérer le potentiel de croissance de l’économie française en dopant sa compétitivité est un autre défi majeur identifié par l’OCDE. «Cela ne se résume ni à la question du coût, ni à celle de l’industrie, souligne Hervé Boulhol. Parmi les recommandations du rapport: favoriser la concurrence dans de nombreux secteurs des services ou des produits ou encore supprimer les niches fiscales favorisant indument les grandes entreprises. «Des réformes qui pourraient stimuler l’économie, sans creuser les déficits», résume le chef économiste.