Etats-Unis: Le cheptel bovin est à son plus bas en 61 ans
AGRICULTURE•La sécheresse qui a grillé les pâtures et fait bondir les prix des céréales l'été dernier aux Etats-Unis a accentué le déclin du cheptel bovin...© 2013 AFP
La sécheresse qui a grillé les pâtures et fait bondir les prix des céréales l'été dernier aux Etats-Unis a accentué le déclin du cheptel bovin, qui est à son plus bas en 61 ans au pays des ranchs et de l'élevage intensif.
Le ministère de l'Agriculture a recensé précisément 89,3 millions de veaux, vaches, génisses, taureaux et boeufs au 1er janvier 2013, soit le plus faible chiffre enregistré depuis 1952.
Les Etats du sud des Etats-Unis, où des troupeaux profitent habituellement des vastes étendues, ont été particulièrement touchés par des conditions très sèches depuis 2010. Le Texas, plus grand Etat producteur, a perdu un million de têtes en deux ans.
Plus au nord à Dallas Center, dans l'Iowa (centre), 6e Etat producteur de bovins, Justin Rowe est à la tête d'un élevage comptant une centaine de vaches allaitantes. Il a dû réduire son cheptel d'environ 10% l'année dernière.
Ce jeune agriculteur avait pourtant pris ses précautions, conservant plus de fourrage que d'habitude et étudiant avec attention la meilleure façon d'optimiser la rotation de ses bêtes d'un pré à l'autre.
Alors que le sol n'a pas encore dégelé sur ses terrains, et que ses vaches et leurs veaux sont encore nourris par ses soins dans deux enclos tout près de sa maison, il travaille déjà à un nouveau plan de sécheresse, «juste au cas où». «Si on n'a pas plus de pluies, réduire mon cheptel est vraiment la dernière chose que j'ai envie de faire».
Moins de boeufs mais plus de viande
La sécheresse des dernières années n'a fait qu'accentuer un lent déclin du nombre de bovins aux Etats-Unis depuis le pic en 1975, où le cheptel comptait 132 millions de têtes.
Les Américains mangent moins de steaks, pour des raisons diététiques ou économiques, se tournant notamment vers le poulet. Mais ce facteur est en partie compensé par l'augmentation de la population, remarque Kevin Good, de la société d'analyse CattleFax.
La crise de la vache folle en 2003 a aussi pesé pendant quelques années sur les exportations.
Autres facteurs: l'augmentation des prix des céréales affecte la rentabilité des élevages et les surfaces allouées aux pâtures diminuent, grignotées par l'urbanisation ou remplacées par des cultures plus profitables.
Cependant, la «productivité» de chaque bête s'est améliorée, remarque Kevin Good: moins de bétail ne signifie pas moins de viande rouge sur les étals.
Les Etats-Unis ont en effet produit en 2012 plus de viande de boeuf (11,34 millions de tonnes) qu'en 1975, quand le nombre de bêtes était à son plus haut (10,43 millions de tonnes).
Plusieurs raisons sont mises en avant: la sélection génétique des espèces, l'amélioration des soins vétérinaires qui a permis de diminuer la mortalité des bêtes, et l'amélioration de leur alimentation.
C'est ainsi à l'aide d'un logiciel que Bill Couser, chef d'une grosse exploitation à Nevada, dans l'Iowa, détermine le mélange optimum qu'il va donner à ses bêtes. Et c'est à la pelleteuse que les rations sont préparées pour les quelque 5.000 bovins de ses parcs d'engraissement.
Le fermier cultive 2.000 hectares de terres, partagées entre maïs, soja et foin.
Embrassant du bras les montagnes de fourrage qu'il conserve sous son hangar, il prédit un avenir radieux à l'élevage bovin dans son Etat, premier producteur de maïs: «On a tout ce qu'il faut à portée de main pour nourrir les bêtes».
Et alors que les cours du bétail s'affichent en hausse depuis 2010, un peu de pluie devrait pousser, selon lui, les éleveurs du Texas à remplir de nouveau leurs ranchs.