MUSIQUE«Le film»: Dans la tête de Philippe Katerine

VIDEO. On a tenté de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de Philippe Katerine

MUSIQUEDeux ans après le très disco «Magnum», Philippe Katerine revient avec un album plus intime, «Le film». «20 Minutes» lui a soumis quelques-unes de ses paroles, pour éclaircissement…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Le Katerine d’il y a cinq ans mangeait sa banane-tout-nu-sur-la-plage. Celui de l’été 2013 était sexy cool- cool quand t’es cool, sexy, quand t’es sexy. En 2016, Philippe Blanchard - son nom de baptême, s’est fait un film: un film intime, mélancolique bien que toujours ludique, où il divague et s’épanche un peu plus que d’habitude. Le chanteur de 47 ans a perdu son père récemment. Ce 10ème album studio est aussi la confidence de celui qui ne voulait pas «rester seul dans l’angoisse». Au départ, pas de chansons, mais des mots écrits sur la route, lors d’un voyage vers sa Vendée natale. «Je notais dans un carnet ce qui me venait en tête. Comme des p’tits poèmes. C’est mignon des p’tis poèmes», dit-il d’une petite voix quand nous le rencontrons il y a quelques semaines dans les bureaux de son label.

Ce carnet, «je l’ai ouvert, je me suis mis au piano, dont je ne joue pas, et j’ai joué». Ses enfants viennent chanter sur quelques titres, mais rien de plus: réalisé avec son ami le musicien Julien Baer, le disque, son 10ème album studio, est sans fioritures tout au long des 16 titres, jusqu'au Moment parfait de clôture. Doux et fantaisiste aussi, bien sûr.

Et parce qu’on ne comprend pas toujours très bien où Philippe Katerine est allé puiser son inspiration, on lui soumet ce jour-là les paroles de son album, dont on a surligné quelques passages. Immersion dans la tête du scénariste.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

  • Cerveau limbique (siège des émotions)

«C’est le plus beau film du monde / Celui qu’on peut voir devant soi»
(Le film)

Il rectifie: «On est censé avoir "le plus beau film" devant soi. Dans sa vie, chacun se pose sans cesse la question: est-ce que je fais les bons choix? Ne faudrait-il pas aller ailleurs? Si je me déplaçais ne serait-ce que d’un mètre? Ou de 1.000km? Ce sont des choix qui nous assaillent dès qu’on se lève le matin. Cette direction, ou l’autre? C’est aussi simple que ça.»

«T’aimais pas les chanteurs qui chantent aigu / Mais tu m’en voulais pas»
(Papa)

«Mon père ne pouvait pas supporter Polnareff, il pouvait pas le saquer. Parce qu’il se dandinait sur scène. Il montrait ses fesses, ça le rendait dingue. Et puis il chantait aigu. Et je me suis aperçu que, petit à petit, c’est ce que je faisais. C’est pas que je ressemble à Polnareff, mais j’ai fini par me dandiner en montrant mon derrière et en chantant aigu. Est-ce que c’était en réaction à mon père? Bien sûr, certainement. On fait aussi des choses pour déplaire, heureusement. Mais comme je suis son fils, il trouvait ça bien. Et comme il voyait qu’il y avait du monde dans mes concerts, j’étais tout excusé.»

«Ils ont pique-niqué, dans les jardins de l’Elysée / Il lui a dit, Julie / Chérie, viens pique-niquer»
(A L’Elysée)

Qu’est-ce donc que cette incursion sur le terrain people? «Parfois, tu lis Voici, et tu apprends que Julie Gayet et François Hollande ont fait un pique-nique dans les jardins de l’Elysée. Tu lis les petits détails, ils avaient un panier en osier, une petite bouteille… Après c’est l’imagination qui commence à trotter. Moi je suis en amour avec une fille qui s’appelle Julie [Depardieu], donc je me fais un film… Il y a quelque part un phénomène de fantasme et d’identification».

  • Néo-cortex (siège des activités cognitives)

«Je n’ai rien à dire sur certains points de l’existence / Les débats / Je déteste ça»
(Pas Simple)

Pourquoi pas les débats? «Aaaah, je peux pas». Il se rétracte, comme pris d’un frisson. «J’ai horreur de ça… Je sais pas. J’aime bien les observer, mais comme une petite souris. Mon avis personnel, la plupart du temps, je le garde pour moi. Ou je l’exprime dans mes chansons. C’est toujours mieux, pour un artiste. Il y a tellement d’artistes qui ont un avis hyper généreux et d’avant-garde, et en fait tu t’aperçois que ce qu’ils font est très rétréci et réactionnaire. Donc je ne préfère pas m’exprimer. Dans la vie aussi.» On lui demande si regarder On n’est pas couché un samedi soir est, du coup, la définition de l’enfer. Mais non. «Ah si, j’aime bien. J’adore. Je n’ai juste aucune envie d’être avec eux ! Quand je suis invité à des trucs comme ça, je n’y vais jamais. Mon avis n’intéresse personne.»

  • Cerveau reptilien (gardien des instincts)

«La Pavane, le cancan, la sardane, le rondo, le menuet, la bourrée, la farandole, la carmagnole / C’est surtout beau / Quand c’est beaucoup de travail»
(Danse Traditionnelle)

Cet amour des danses traditionnelles? Après nous avoir assuré qu'il n'aime pas raconter d'histoires, Katerine se lance: «Un jour, je jouais dans un film de Thierry Jousse [Je suis un no man's land] dans un tout petit village de Bourgogne. Un matin après les élections, on a vu dans le journal que le petit village avait voté à 95% pour le FN. Ça nous a quand même un peu glacés. Vraiment, même. C’était même un endroit où Marine Le Pen venait dans l’auberge où je dormais. On m’a dit: "Vous avez la chambre de Marine Le Pen". Donc l'ambiance était assez mitigée. On avait quand même hâte de partir. Et puis un soir, c’était pendant l’été, il y a eu une fête au village où on était conviés. La lune était pleine, rousse, il était minuit. C’était la fête de la chasse. Les gens étaient habillés en chasseurs. Et puis dans ces cas-là, il faut parler. Parce que je ne vois pas pourquoi tu parlerais pas à quelqu'un qui vote pas comme toi. C’est mon avis. La lune est superbe et tout à coup, la musique retentit. Et tout le village quasiment, des gens de 8 à presque 80 ans se sont mis au milieu de la place, et ont commencé à danser le Madison. Ils étaient une centaine. C'était un spectacle extraordinaire, sous la lune pleine. On se disait: "c'est pas possible". On était émus par ce spectacle qu'ils nous donnaient. Une danse parfaitement exécutée, intergenérationelle. Par des gens qui votent... durement quoi. La danse traditionnelle – le Madison, mais bon - nous donnait ce qu’il y a de plus beau dans l’humanité, c'est à dire faire des choses coordonnées, ensemble, après un apprentissage tranmis de père en fils. C'était d'une beauté... C'était fabuleux. C'est là qu'on en revient à se dire que rien n'est simple. Tout rapport humain est compliqué [il cite les paroles de sa chanson Compliqué]. Et dire qu'on était une goutte de sperme!».

«Regardez moi ces groupes de rollers qui mobilisent le boulevard Pasteur / Pourquoi simulent-ils le bonheur?»
(Compliqué)

Pourquoi tant de haine? Parce qu’il faut faire du Vélib, la nuit, sous ecstasy, sinon rien? «Un soir que je prenais l’apéro seul, je vois des gens qui arrivent sur le boulevard, sans objectif à part mobiliser l’espace, et j’ai eu un rejet… Selon les jours, voir des rollers, tu peux trouver ça extraordinaire, ou horrible. Et puis on était sur le boulevard "Pasteur", et j'ai toujours des images qui arrivent… Alors je voyais l’afflux du sang dans les veines, les rollers comme des globules blancs…». Ou la genèse de ce clip un peu fou:

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Dix ans après «Louxor, j'adore», Katerine nous livre deux de ses tubes:

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies