Miossec, le soleil de Brest à son zénith
MUSIQUE•Le chanteur présente son nouvel album et fête ses 20 ans de carrière dans une série de concerts...Benjamin Chapon
«Ils me connaissent, ils savent bien que je ne viens pas chercher les acclamations.» Et pourtant, le public brestois a salué debout la présentation d'Ici-bas, Ici même, nouvel album de Miossec. Le chanteur breton fête ses 20 ans de carrière avec une tournée de quelques dates produites par le Quartz, scène nationale de Brest.
«On décolle vite fait quand on est chanteur. C’est pour ça que je suis parti de Brest à l’époque de mon premier album, je ne voulais pas devenir un coq de village. J’en avais trop vus de ces mecs qui passent dans le journal et deviennent des gloires locales pitoyables.»
Tendresse sobre
Revenu à Brest depuis quelques années, Miossec est aujourd’hui un chanteur apaisé. «Je suis un chanteur local et tout va bien. Je donne des coups de main, je suis impliqué.» Voilà sans doute pourquoi l’accueil du public du Quartz était si empreint de tendresse.
«Ce concert, c’est le disque. Et le disque est basé sur l’émotion. Avant, j’allais chercher l’émotion de manière assez radicale.» Après le concert, au bar du Vauban, institution locale, les fans débriefent leur découverte de ce nouveau Miossec avec bienveillance. Plus mûr, plus beau, plus sobre.
Le temps qui passe plutôt que le temps qui casse
De la bienveillance, Miossec n’en a pas beaucoup pour ses vingt ans de carrière. «J’ai passé 20 ans à aller d’une impasse à une autre. Pour ce disque, je voulais arriver avec du frais. Je savais qu’il fallait cogner, taper fort, mais sans faire de bruit. J’ai l’impression d’avoir ouvert une porte. Musicalement, je vois de l’avenir. Ce qui n’était pas le cas avant.»
La différence, c’est peut-être l’âge, bientôt 50 ans, ou du moins le temps qui l’a faite. «Je me suis cassé cinq six fois la gueule avant de trouver la bonne formule, les bonnes personnes. Du coup, j’ai eu bien le temps de bosser mes compositions.»
Albin d’a priori
Ecrit et composé par Miossec, l’album a été réalisé à trois avec son ingénieur du son, Jean-Baptiste Brunhes, et le chanteur et compositeur Albin de la Simone.
«On m’avait parlé de lui. Quand je l’ai vu en concert, j’ai bien aimé le bonhomme mais je ne voyais pas trop ce qu’on avait en commun. Et lui non plus d’ailleurs. Il avait plein d’a priori sur moi. C’est en voyant mes disques, à la maison, qu’il a vu qu’on aurait des choses à se dire.»
«Brest, c’est cool»
L’enregistrement a eu lieu pour l’essentiel dans la maison face à l’Océan de Miossec. «Quand tu enregistres à Paris, tu vas au travail. Là, on dormait ensemble, on prenait le petit-déjeuner ensemble. Je les ai emmenés sur mon territoire. Ici, je suis moi-même. A Paris, je suis quelqu’un d’autre. Brest, c’est cool.»
Avec «l’océan dans la figure», le trio a travaillé vite et bien. «Je voulais qu’on garde la fraîcheur de nos premiers élans. On n’a pas refait les choses. On n’a pas fait de maquette.»
La joie dans le chagrin
Avec ce nouvel album, qui est aussi son plus calme et beau, lui qui nous a tant fait aimer les tempêtes de sentiments, Miossec accède au statut de grand de la chanson française, une fierté nationale, même s'il se sent breton avant tout. Sa ressemblance avec Leonard Cohen -le chapeau, la dégaine, le talent en commun- rappelle que la mélancolie est un art.
«Faire de la chanson, pour moi, ce n’est pas du tout un acte dépressif, c’est plutôt un acte de communion, essayer de rentrer en résonance avec des gens qui éprouveraient la même chose que toi. C’est quelque chose de plutôt joyeux. C’est un moyen d’être heureux sur Terre.»
«On vient à peine de commencer»
«Avec l’expérience, je commence à savoir comment faire pour réunir les bonnes personnes pour que sur le disque et sur la tournée, tout se passe bien. Ça serait dommage que ça s’arrête maintenant.»
Comme le dit la première chanson de son nouvel album, «on vient à peine de commencer.»