Jusqu'au 3 août 2015, le Centre Pompidou consacre une exposition à l'artiste suisse Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier, disparu il y a cinquante ans, grande figure du modernisme en architecture. L'exposition a pour angle d'attaque «la figure humaine, le corps comme principe d’une compréhension de l’espace».

Photo: Le Corbusier, Le Modulor, 1950. Encre de Chine et collage de papiers gouachés et découpés, 70 x 54 cm.

Réalisation: Clémence Parente

Les premières salles de l'exposition retracent la formation du Corbusier, notamment son voyage en Orient. On le voit, à droite, sur les ruines du Parthénon (Grèce), construit selon le nombre d'or, un chiffre arbitraire «parfait» sur lequel s'appuyait les constructions classiques.

A travers plusieurs salles, les commissaires Frédéric Migayrou et Olivier Cinqualbre démontrent l'importance du corps humain dans son oeuvre picturale, qu'il s'agisse de sa période puriste ou acoustique. 

Photo: Deux Femmes assises, 1929. Huile sur toile 81x100 cm.

Dans ses tableaux comme dans ses sculptures, les corps, de femmes principalement, sont en mutation permanente.

Cette fresque peinte par Le Corbusier pour la maison de son ami et éditeur Jean Badovici (au sein de la revue L'Architecture vivante), côtoyait une fresque de Fernand Léger. Elle fut déposée en 1970 et n'a jamais été montrée au public auparavant.

Photo: Peinture murale pour la maison de Jean Badovici à Vézelay, 1937. Fresque retirée du mur et marouflée sur toile. 253 x 375 cm.

Avec Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, Le Corbusier créa des meubles devenus mythiques et toujours édités aujourd'hui. «C’est presque l’inventeur de l’ergonomie», s’enthousiasme Olivier Cinqualbre, commissaire de l’exposition. 

Ses recherches mathématiques sur le corps humain aboutissent en 1950 sur la création du Modulor, système de mesure basé sur un homme d’une taille de 1,83m (2,26m le bras levé).

Dès lors, ses projets s’appuieront sur cette silhouette, cet habitant moyen qu’on retrouve en empreinte sur les façades des «unités d’habitation de grandeur conforme», comme la Cité radieuse de Marseille. 

«L'architecture actuelle s'occupe de la maison,
de la maison ordinaire et courante pour hommes normaux et courants.
Elle laisse tomber les palais. Voilà un signe des temps.» (Le Corbusier, Vers une architecture, 1923)

Photo: Le Corbusier (à droite), devant une maquette de la Cité radieuse, en 1957, à Berlin.

L'exposition s'attache aussi à montrer l'importance de la couleur dans l'oeuvre du Corbusier, loin de l'image de blancheur qu'on retient parfois.

Photo: La façade de l'unité d'habitation de Briey-la-Forêt, près de Metz (Meurthe-et-Moselle).

Dans une «rue» (couloir intérieur) de la Cité radieuse, l'unité d'habitation de Marseille, construite dans l'immédiat après-guerre. Les couleurs vives rythment les étages et les portes d'appartement.

Le salon de l'appartement-témoin de l'unité d'habitation de Nantes-Rezé, avec son mobilier d'origine. Le Corbusier fut l'un des premiers à mettre en avant la «cuisine américaine», au coeur du foyer.

La chambre des enfants (appartement-témoin de Nantes-Rezé) est séparée en deux par une grande porte coulissante recouverte d'un tableau noir. La fratrie peut alors, au gré de ses envies, se retrouver ou s'isoler.

Dans les unités d'habitation, le dernier étage était réservé à l'accueil d'une école maternelle, ici celle de Firminy (Loire), une ville où Le Corbusier construisit également une Maison de la culture, un stade et une église (achevée en 2006).

La cour de l'école maternelle, sur le toit de l'unité d'habitation de Nantes-Rezé (Loire-Atlantique).

Le toit-terrasse de l'unité d'habitation de Marseille, avec sa pataugeoire. Les habitants y pique-niquent régulièrement, les soirs d'été.

Le collège d'architecture de Chandigarh (Inde), une ville nouvelle dont le plan et plusieurs bâtiments furent dessinés par Le Corbusier. La Cité de l'architecture, à Paris, lui consacrera une exposition cet automne.

La sculpture de la «main ouverte», à Chandigarh, en Inde. Un symbole de paix.