Les fils du Dragon: Coup de poing à la Kaneko
A 46 ans, Atsushi Kaneko est encore assez jeune pour être punk...Joël Métreau
Le jour de l’interview, Atsushi Kaneko a emprunté la veste de cuir, cintrée et zippée, d’Edward aux mains d’argent. A 46 ans, trop vieux pour jouer dans la cour des gothiques, il est encore assez jeune pour être punk. C’est la musique que ce Japonais écoutait, ado.
«Vivre, c’est un acte violent», assène-t-il. Alors, il riposte en dessins. Bambi (à paraître le 9 février aux éditions IMHO) exhibe des femmes qui, sous leurs apparences sexy ou ingénu, s’avèrent des tueuses sans états d’âme.
«Une ville lisse jusqu’à l’extrême»
Dans la série «Soil», dont le tome 7 vient de sortir chez Ankama Editions, une ville paisible voit son quotidien troublé par des événements étranges. Une famille disparaît, une montagne de sel a surgi dans la cour de l’école. Un couple mal assorti d’enquêteurs met au jour ce que les habitants tentent de refouler.
«Au Japon, il existe beaucoup de villes de ce type qui abritent des classes moyennes. Je voulais montrer une ville normalisée et lisse jusqu’à un point extrême, une urbanité dans laquelle peuvent se reconnaître des gens partout dans le monde.» On devine aussi des thèmes chers à David Lynch. «Comme ce réalisateur que j’aime beaucoup, je veux éclater l’histoire de manière à ce l’intrigue sublime l’ambiance.»
La référence à un cinéaste américain s’impose d’autant plus que le trait d’Atsushi Kaneko se confond moins avec le manga japonais qu’avec Charles Burns (l’auteur de Black Hole) ou Daniel Clowes (Ghost World). «Moi-même, je ne lis pas trop de mangas, je préfère ce qui touche le public de la culture skate et rock», précise-t-il. Ce dernier appréciera sa prochaine série encore inédite en France. Wet Moon raconte l’histoire d’un flic hanté par des hallucinations et des intuitions, après qu’un fragment de métal s’est logé dans son cerveau.