ARTLeviathan capturé au grand palais

Leviathan capturé au grand palais

ARTAnish Kapoor a installé une œuvre géante
Envoyé spécial dans le ventre du Leviathan, Benjamin Chapon

Envoyé spécial dans le ventre du Leviathan, Benjamin Chapon

Un monstre est en ville. La nef du Grand Palais à Paris accueille une gigantesque œuvre d'Anish Kapoor dans le cadre de Monumenta. Le visiteur pénètre directement dans le « ventre » de Leviathan : une expérience estomaquante. Noyé de couleur, l'immense espace de la bulle est zébré par les ombres de la structure métallique de la verrière : l'exosquelette du monstre. Dans une atmosphère suffocante, le regard se perd de courbes en courbes, fuchsia ou rouges selon l'ensoleillement.

Le fruit de ses entrailles

« Anish voulait une vue de canyon, explique Jean de Loisy, commissaire de l'exposition. Pour lui, l'espace pose une question philosophique, psychique même, avec pour point de départ une expérience sensorielle. » Pour définir, cette sensation, le commissaire sourit : « Souvenez-vous du ventre de votre mère… » En sortant de l'œuvre, les visiteurs peuvent en voir l'extérieur et réaliser qu'elle prend toute la hauteur (35 m) de la nef. C'est là aussi qu'on se rend compte de l'exploit technique que représente la réalisation de cette œuvre : une membrane unique de 72 000 m3 et deux millimètres d'épaisseur tendue de manière incompréhensible et qui semble flotter dans la nef comme un zeppelin. « Tous les ingénieurs disaient que le projet d'Anish Kapoor ne serait pas réalisable, rigole Jean de Loisy. Repousser, avec leurs visions et leur acharnement, les limites techniques, c'est aussi le travail des artistes. »
Même si l'expérience est suffisamment forte pour se passer de commentaire, des médiateurs sont là pour éclairer les visiteurs. Manifestation grand public (150 000 visiteurs en moyenne chaque année), Monumenta veut rendre l'art accessible. Avec une œuvre aussi forte, elle y parvient sans conteste.