L'archéologie fouille comment s'exposer
art De plus en plus d'objets sont dans les muséesBenjamin Chapon
Une énorme pointe de flèche de l'époque romaine trouvée sur le site du siège d'Alésia. On se demande bien quel genre d'arc pouvait la projeter. « A partir de documents d'époque, on a reconstruit la machine, un scorpion », explique Claude Grappin, conservateur en chef du MuséoParc Alésia, dont l'ouverture est prévue pour mai 2011.
« Ce type de mise en scène des objets archéologiques est devenu la règle, ajoute-t-il. Le public demande de plus en plus à voir à quoi ressemblaient les objets avant leur long et pénible séjour sous terre. »
« Raconter une époque »
Parmi les centaines de milliers d'objets que les archéologues mettent au jour, lesquels montrer ? « Le plus souvent, il faut choisir un petit nombre d'objets signifiants qui vont émouvoir le visiteur sans l'étouffer, insiste Claude Grappin. Mais parfois, présenter des objets sériels en nombre peut faire sens. » C'est le cas au musée d'Arles qui, avec une grande collection d'amphores, montre combien la cité romaine était une plaque tournante du commerce. « Des beaux objets, des mosaïques et des sculptures, on en a aussi, explique Claude Sintes, directeur du musée d'Arles. Le défi est de raconter une époque avec ces objets. »
Claude Grappin considère ainsi que le musée archéologique « est plus proche de l'ethnographie que des beaux-arts. On touche ainsi un public peu habitué aux musées, que l'esthétisme ennuie, mais qui trouve son compte dans le langage technique des objets. »