EVENEMENTMichel Houellebecq rejoue la carte du regard décapant

Michel Houellebecq rejoue la carte du regard décapant

EVENEMENT«La Carte et le Territoire» est depuis en librairie depuis le 4 septembre...
Michel Houellebecq se met en scène en auteur dépressif dans son roman.
Michel Houellebecq se met en scène en auteur dépressif dans son roman. -  DUCLOS / SIPA
Hubert Artus

Hubert Artus

La Possibilité d'une île, son précédent roman, remonte à cinq ans. C'est dire si La Carte et le Territoire (Flammarion) de Michel Houellebecq était attendu. Prévu initialement pour le 8 septembre, le livre a devancé l'appel: il est disponible depuis samedi à la demande des libraires qui ne voulaient pas que la grève nationale du 7 septembre les empêche de recevoir le trésor à temps. Le tirage du roman est à la hauteur: 120.000 exemplaires. Et il vaut le coup d'œil.

Nihilisme postindustriel

Dans La carte et le Territoire, Michel Houellebecq ausculte la société contemporaine à l'aune de la réussite sociale et financière de Jed Martin, un artiste qui tente d'enregistrer le réel à travers des séries de photos et de tableaux. Individu terne qui regarde le monde à hauteur du nihilisme postindustriel, c'est le héros houellebecquien typique.

Ses projets: retoucher des plans de cartes Michelin ou rendre compte des différents métiers présents dans nos sociétés occidentales en les peignant. Ses succès lui permettent de faire la rencontre de people comme Frédéric Beigbeder. Ou Michel Houellebecq lui-même, écrivain dépressif vivant reclus en Irlande, avec qui il collabore...

L'auteur des Particules élémentaires décape ici avec beaucoup d'humour le genre de l'autofiction popularisé il y a quelques années par Christine Angot. Assagi sur le fond, le roman explore ce qui s'immisce entre la carte et le territoire qu'elle dessine, à savoir l'espace de l'interprétation et de la création. Il s'amuse de notre rapport au terroir et de l'inéluctable tragédie liée au ­passage du temps.

Si la seconde partie du récit prend l'allure d'un polar raté, la réflexion du livre et même sa forme – pompage de pages Wikipedia et autres notules officielles, festival de «name-dropping», écriture neutre – en font un roman puissant, plein d'intuitions brillantes. Michel Houellebecq y porte une nouvelle fois un regard dévastateur sur une époque qui elle, ne l'est plus trop, puissante.