CINEMAJeux lugubres dans «Shutter Island»

Jeux lugubres dans «Shutter Island»

CINEMALeonardo DiCaprio retrouve le réalisateur des «Infiltrés» pour film noir...
Caroline Vié

Caroline Vié

Martin Scorsese aime le cinéma, qui le lui rend bien. C'est plus particulièrement aux films noirs des années 1950 qu'il se frotte dans Shutter Island et sa passion pour le genre déteint sur le long métrage. Leonardo DiCaprio, son nouveau chouchou, est envoyé mener l'enquête sur la disparition d'une patiente, envolée d'un hôpital juché sur une île si hostile qu'à côté, Alcatraz fait penser à celle de la Tentation.

Décor cauchemardesque

Ce vétéran perturbé est épaulé par Mark Ruffalo, un acolyte au regard aussi las que celui du chien dans Wallace et Gromit. Au menu de ce polar: expériences interdites, savants nazis et un directeur inquiétant campé par un formidable Ben Kingsley qui colle les miquettes d'un simple regard.

Une atmosphère pesante tombe sur les épaules du spectateur dès l'arrivée des deux héros dans un décor cauchemardesque. Scorsese s'amuse à promener ses héros sous l'orage et dans des paysages dont les transparences volontairement artificielles rappellent Alfred Hitchcock ou Otto Preminger. Ce délire d'un cinéaste cinéphile souffre des défauts de ses qualités: une certaine froideur habite son exercice de style virtuose. Plus proche des Nerfs à vif que des Infiltrés, Shutter Island est sans aucun doute une oeuvre mineure pour son auteur, ce qui ne l'empêche pas d'être plus excitante que bien des long métrages visibles sur nos écrans.