Spirou, le groom qui fait de la résistance

Spirou, le groom qui fait de la résistance

A plus de 60 ans, le groom le plus célèbre de la BD ne cesse
Olivier Mimran

Olivier Mimran

A plus de 60 ans, le groom le plus célèbre de la BD ne cesse

de se réinventer. Du moins dans la collection « Une aventure de Spirou et Fantasio par... », qui se développe en parallèle de la série grand public. Un an après l'énorme succès du Journal d'un ingénu, réalisé par Emile Bravo et dont l'action se déroulait dans le Bruxelles de l'immédiat avant-guerre, le duo Yann et Olivier Schwartz prend le relais avec Le Groom vert-de-gris (éditions Dupuis).

L'aventure démarre trois ans après celle de Bravo, au même endroit. Les nazis occupent la Belgique et leur état-major a établi ses quartiers au Moustic Hôtel, où travaille précisément Spirou. Apparemment inféodé à l'envahisseur le jour, le groom emploie ses nuits à renseigner la résistance locale. Un double jeu très dangereux, car l'ennemi n'est pas dupe... Rythmé, captivant et souvent très drôle, le scénario de Yann ne s'inscrit pas dans cette période par hasard. S'il avoue s'être entendu avec Emile Bravo pour offrir une sorte de suite au Journal d'un ingénu, le Marseillais « couvait » ce récit depuis plus de vingt ans. Il projetait alors de faire équipe avec le regretté Yves Chaland. Dessiné par Olivier Schwartz, l'auteur des enquêtes de l'inspecteur Bayard, ce remarquable album se démarque surtout par l'audace avec laquelle il inscrit un héros souvent jugé « trop lisse » dans une réalité historique dramatique. Ainsi, les morts - rarissimes dans la série mère - s'y amoncellent. Lors d'une fusillade, des corps baignent dans le sang. On a aussi droit à quelques scènes coquines. Mais que les fans se rassurent : si ces partis pris confèrent au livre une gravité peu habituelle, l'aventure avec un grand « A » en demeure définitivement le moteur. W