Wendy Delorme: «Les trois quarts des filles ne savent pas qu'elles ont un clitoris lorsqu'elles ont un rapport sexuel»
INTERVIEW•Auteure d'«Insurrections! En territoire sexuel», un livre pas farouche sur la sexualité des femmes, queers ou homos...Recueilli par Alice Antheaume
Elle s’appelle Wendy Delorme, fait des spectacles «burlesques» en porte-jarretelles et écrit des livres sans périphrase sur la sexualité et les différentes façons de la vivre. Après le livre «Quatrième génération», elle a écrit «Insurrections! En territoire sexuel» (éd. Au Diable Vauvert) où elle livre des séquences d’une précision quasi médicale sur l’art d’introduire une main dans un sexe - l’une de ses performances scéniques - et l’orgasme. Dans une autre vie, elle s’appelle Stéphanie et donne des cours à l’Université, dans la matière «sciences de l’information et de la communication». Interview.
Pourquoi avoir choisi Wendy comme pseudo?
J’ai failli m’appeler Olga, comme le 3615. Mais finalement, cela a été Wendy, comme l’amoureuse cachée de Peter Pan. En fait, je m’appelle Stéphanie, un prénom très répandu dans la génération des trentenaires. Trop répandu.
Pourquoi ce titre, «Insurrections! En territoire sexuel»?
Le titre m’est tombé dessus comme une évidence. Ce livre, c’est un geste de révolte situé en territoire... sexuel. Pourquoi j’ai l’air d’être en guerre? Parce que la femme est à la fois une machine de guerre, avec ses attributs, et un objet. On vit sans cesse dans cette injonction contradictoire. Et quand on est féministe, on finit par culpabiliser d’avoir des désirs de soumission alors qu’on doit arriver à vivre dans le plaisir.
Qu’est-ce qui vous révolte à ce point?
L’éducation sexuelle d’abord. Les trois quarts des filles ne savent pas qu’elles ont un clitoris lorsqu’elles ont leur premier rapport sexuel. Elles portent des strings mais ne savent pas qu’elles ont une prostate. On rentre dans la sexualité avec une méconnaissance totale de tout cela. L’autre sujet qui m’énerve concerne la «parentalité». C’est grave qu’on n’accorde pas le droit d’être parents aux homosexuels alors que n’importe quelle bite ou vagin peut faire un enfant.
Dans votre livre, vous évoquez des filles de votre entourage qui se bandent les seins pour avoir une allure masculine...
Oui, il y a plein de «transitionnés».
«Transitionnés»?
Oui, c’est comme cela que l’on appelle ceux qui passent d’un genre à l’autre - féminin à masculin et vice et versa. Cela peut se faire par le biais d’hormones, d’opérations ou juste avec des bandages, ou en jouant sur la démarche, la coupe de cheveux et les vêtements.
Comment réagit votre entourage qui se reconnaît dans votre livre?
Je les préviens avant la publication car avant tout, ceux qui m’inspirent, je les aime. Cela fait partie de ma responsabilité d’auteure de faire de la prévention. Mais parfois, ils se reconnaissent dans un personnage qui n’est pourtant pas eux. Si j’écrivais sur un personnage politique dont je combats l'idéologie politique, j'estimerais ne pas avoir de compte à lui rendre. Nicolas Sarkozy, par exemple, je m’en ficherais qu’il se reconnaisse dans un personnage négatif.