La Roux, nouvelle reine de la pop synthétique
PORTRAIT•Révélation de cet hiver interminable, la chanteuse britannique s'inspire de la folie des années 1980 pour dynamiser une pop en berne. Elle est en concert à Paris vendredi soir…Sandrine Cochard
Son credo est simple: remettre les années 1980 au goût du jour, avec les synthés et les musiques syncopées en vogue à l’époque. La Roux, Elly Jackson de son vrai nom, a déjà dépoussiéré Prince en s’inspirant directement de «When doves cry» pour son titre «Quicksand», à la mélodie entêtante. Un joli coup qui lui vaut aujourd’hui d’être considérée comme la nouvelle étoile montante de la pop britannique (à lire ici et là).
Le clip de «Quicksand»
La Roux - Quicksand
A 20 ans, la rousse au look androgyne et à la coupe de cheveux dans le vent (bah oui le gel, c’est très eighties) revendique une certaine nostalgie de cette époque qu’elle n’a pourtant pas connue. «Tout était tellement épique dans les années 1980, plus personne ne fait ce genre de musique», souligne-t-elle sur BBC News. Une rengaine qui n’est pas sans rappeler Yelle, la chanteuse française qui a explosé en 2007, également biberonnée aux standards de la décennie.
«La musique des années 1980 était vraiment libre et expérimentale, argumente La Roux. Aujourd’hui, elle est forcée, elle n’est plus honnête.» Et d’annoncer la mort de la guitare: «La musique basée sur la guitare a fait son temps, à moins d’être complètement réinventée. L’heure de la revanche a sonné pour le synthé.» Un virage déjà amorcé avec le retour sur le devant de la scène de Depeche Mode ou le succès de Lady Gaga.
La Roux a donc révisé ses classiques, de Eurythmics à Depeche Mode en passant par Prince et Gary Numan.
Des références aussi bien musicales que vestimentaires. Car le style inoubliable de cette époque a forgé son identité haute en couleur. «Je veux voir des gens qui n’ont pas peur d’avoir l’air un peu fou et qui ont les cheveux dans tous les sens, explique-t-elle. Qu’est-il arrivé à tous ces cheveux fous?» La coupe à la garçonne orangée d’une Annie Lennox ou les tergiversations capillaires d’un Boy George sont effectivement passées de mode. «Tout le monde ressemble à son voisin dans la musique pop», déplore la chanteuse qui ambitionne de secouer un peu la monochromie musicale ambiante. D’où son nom de scène, La Roux, choisi en référence à son sens français (oui, elle a encore quelques petites difficultés en grammaire).
Au final, La Roux applique strictement l’adage «pour se démarquer, mieux vaut aller piocher vingt ans en arrière». POur n'en garder que le meilleur? A vérifier vendredi soir sur la scène de La Maroquinerie, à Paris, à partir de 19h30.