Winshluss a été la star de l'édition 2009 du festival d'Angoulême. Une exposition lui était consacrée et son Pinocchio a remporté le prix du meilleur album, après un succès critique unanime. Issu de la BD alternative et pilier des éditions Les Requins Marteaux, Vincent Paronnaud (de son vrai nom) est aussi connu du public pour avoir coréalisé le film Persepolis avec Marjane Satrapi. Il est donc légèrement blasé de cette exposition médiatique : « Quand on est à l'intérieur de l'ampoule, ça brille moins qu'à l'extérieur. J'ai réglé mes problèmes d'ego il y a longtemps, et je sais quand j'ai fait un bon ou un mauvais boulot. Artistiquement, je me suffis à moi-même. » Ce qui peut ressembler à de la prétention est en réalité une preuve de pragmatisme. « Le succès, ça fait plaisir pour l'éditeur. Et ça redonne de l'énergie. L'alternatif, c'est-à-dire le manque d'argent et le fait de devoir sans cesse se justifier socialement, c'est usant. » Si son Pinocchio est une réussite artistique, Winshluss dit n'être « jamais satisfait » de son travail. « Le succès est quelque chose de relatif. La réussite, pour moi, c'est juste de l'avoir fait. »

Sans être timide, Winshluss rechigne à enchaîner les interviews. « Je ne suis pas militant du dialogue. L'intérêt de l'art, c'est de pouvoir s'adresser à des individus, pas à une masse. Le nombre m'angoisse. » ■ Benjamin Chapon