L'Amérique de Bruce Springsteen
MUSIQUE•Le «Boss» sort un nouvel album, le seizième album studio de sa carrière. Quelle vision de son pays a-t-il dans ses deux derniers opus?AA
Cela fait des décennies qu’on l’appelle le «Boss». Bruce Springsteen, qui fêtera ses 60 ans en septembre 2009, est, dit-on, l’incarnation de l’Amérique profonde, classé l’année dernière par «Time» parmi les leaders d’opinion des Américains. Mais à quoi elle ressemble, l’Amérique de Bruce Springsteen? Illustrations à l’aide des titres de ses deux derniers albums, «Working on a dream», sorti le 26 janvier 2009, et «Magic», en 2007.
Une Amérique consommatrice
Dans «Queen of the Supermarket» (Reine du supermarché), le chanteur raconte l’histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une caissière de supermarché. Un endroit chargé selon Springsteen d’une ambiance ultra sensuelle. «On n’y achète pas que des aliments, il y a autre chose, explique-t-il au journal britannique le "Guardian". Aux Etats-Unis, les supermarchés sont totalement impudiques. Peut-être suis-je le seul à avoir été touché par cette atmosphère sexuelle, mais depuis, le supermarché est mon endroit favori!»
Une Amérique remplie de mensonges
«En Amérique, on voit le mensonge devenir réalité et la réalité devenir mensonge», avait-il lancé lors d’un concert en 2007 à Bercy, avant d’entonner «Magic», une chanson qui parle moins de magie que de tours de passe-passe et ses conséquences, sous l'ère Bush.
Une Amérique présidentielle
Springsteen a longtemps dit ne pas vouloir «promouvoir des candidats à une élection, car on ne sait jamais ce qu’ils feront ensuite». Mais Bush le fait changer d’avis. Lors de l’élection présidentielle de 2004, il se déclare en faveur du candidat démocrate John Kerry. En 2008, pour Barack Obama qui, dit le «Boss», «parle d'une Amérique telle que je l'envisage dans mes chansons depuis trente-cinq ans: un endroit où personne ne vous écrase et où personne n'est laissé de côté.» Qui ne verra pas dans ses nouveaux titres, «Working on a Dream» (Construire un rêve) et «My Lucky Day» (Mon jour de chance), des allusions à la victoire du nouveau président des Etats-Unis?
Une Amérique individualiste
Le titre «Radio Nowhere» (Radio nulle part), de l’album «Magic», raconte qu’il n’y a «hélas plus de radios qui défèrent tout le territoire» américain. Une allusion à cette communication qui se délite. Dans «Télérama», le chanteur se dit nostalgique de cette époque, aujourd’hui révolue, où une chanson passait à la radio et parlait, «par la magie des ondes», à «tant de personnes à la fois».
More Videos
Une Amérique en guerre
«Qui sera le dernier à mourir pour une erreur?, demande the «Boss» dans «Last to die» (Le dernier à mourir), une chanson de «Magic». L’«erreur» invoquée est celle de George W. Bush, qui n’a pas ordonné le retrait des troupes américaines en Irak.
Une Amérique de légendes
Dans le dernier album, «The Last Carnival» (Le dernier carnaval) rend hommage à Dan Federici, le clavier de Bruce Springsteen mort en 2008. Le disque se clôt sur la chanson-bonus «The Wrestler» (Le lutteur), composée pour le film éponyme de Darren Aronofsky. Un film dans lequel Mickey Rourke interprète un catcheur sur le retour, une performance dont le «Boss» lui-même s’est dit «fan».