Picasso s'affiche en bonne compagnie

Picasso s'affiche en bonne compagnie

L'exposition dont tous les amateurs d'art rêvaient ouvre demain à Paris, aux Galeries nationales du Grand Palais. Les plus grands chefs-d'oeuvre de Picasso sont confrontés à des toiles des maîtres qui ont inspiré le peintre espagnol. De Goya à Rembra...
Benjamin Chapon-  ©2008 20 minutes

Benjamin Chapon- ©2008 20 minutes

L'exposition dont tous les amateurs d'art rêvaient ouvre demain à Paris, aux Galeries nationales du Grand Palais. Les plus grands chefs-d'oeuvre de Picasso sont confrontés à des toiles des maîtres qui ont inspiré le peintre espagnol. De Goya à Rembrandt, Ingres, Cézanne ou Van Gogh, ils sont tous là. Certaines des toiles n'avaient jamais quitté leurs musées, comme la Maja desnuda de Goya, prêté par le Prado. D'autres, issues de collections particulières, sont présentées à Paris pour la première fois. Le dialogue n'en est que plus intense.

Dès les premières salles se fait sentir l'influence de peintres hors norme en leur temps sur l'oeuvre du Picasso précubiste. Aux sources de son génie apparaissent les corps tortueux du Gréco ou les rondeurs féminines et intrépides de Renoir. Picasso ne resta pas infécond face à ces monuments, qu'il s'amusa même à détourner, sans cynisme. Un portrait de nain très coloré répond au portrait sombre et grave du Nain Sebastian de Mona de Vélasquez. Sur le canevas du mythique Enlèvement des Sabines par Poussin, Picasso a réalisé plusieurs toiles également violentes et torturées. Venues à Paris de Prague, Boston ou Bâle, ces tableaux très différents de « l'original » ont une puissance évocatrice intacte : Picasso ne copie ni ne s'inspire, il reprend à son compte le souffle épique et brillant de Poussin, avec les traits hachés et les ombres pleines qui caractérisent Le Minotaure. Même constat avec les variations autour des Ménines, tableau de Vélasquez, hélas retenu au Prado.

Salles, émotions et chef-d'oeuvres - 210 au total - se succèdent. Natures mortes, nus, portraits de femmes dévoilent un dialogue fructueux avec les héraults d'une histoire de l'art chaotique. La vigueur de Cézanne, le lyrisme de Manet ou encore la noirceur de Chardin ont encouragé les révolutions formelles de Picasso, avisé que l'émotion naît de l'audace. Nourri de la même leçon, le visiteur quitte, à regret, le voisinage de ses toiles sublimes.