DISPARITIONAbandon paternel, refus de nationalité, l'histoire de Johnny et la Belgique

VIDEO. Mort de Johnny Hallyday: Abandonné par son père, refus de nationalité... La difficile histoire du chanteur avec la Belgique

DISPARITIONJohnny Hallyday est décédé mercredi à 2h34 à 74 ans. Le rockeur avait tenté d’obtenir en 2006 la nationalité de son père, qui avait déserté le foyer familial quand il avait huit mois…
Floréal Hernandez

Floréal Hernandez

L'essentiel

  • Johnny Hallyday a été élevé par sa tante paternelle et n’a jamais eu de véritables contacts avec son père, Léon Smet.
  • En janvier 2006, le chanteur a fait la demande de nationalité belge, un feuilleton hypermédiatisé et polémique.

Populaire en Belgique, Johnny Hallyday a néanmoins une histoire compliquée avec le plat pays, patrie de son père et dont il a tenté d’obtenir la nationalité dans les années 2000. Le rockeur, décédé dans la nuit de mardi à mercredi, n’a jamais vraiment renoué avec la Belgique.

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Un père chanté dans L’idole des jeunes

Dans son autobiographie, le chanteur né le 15 juin 1943 à Paris, déclarait : « Ne pas avoir eu de père a marqué toute ma vie. La déchirure… » Il a aussi évoqué son père dans L’idole des jeunes : « Je l’ai inventé tout entier/Il a fini par exister/Je l’ai fabriqué comme j’ai pu/Ce père que je n’ai jamais eu ».

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Le père de Johnny Hallyday, Léon Smet, était un artiste de cabaret bruxellois proche des Surréalistes, monté à Paris avant la Seconde Guerre mondiale. Il a déserté le foyer familial huit mois après la naissance de son fils, qu’il a d’ailleurs tardé à reconnaître.

En réalité, Jean-Philippe Smet, le vrai nom du rockeur, sera élevé par sa tante paternelle belge Hélène, qui vivait alors à Paris avec son mari et ses deux filles. Le petit garçon déménagera ensuite avec cette famille d’artistes à Londres, où ses deux cousines deviennent danseuses de music-hall.

« La solitude absolue » à l’enterrement de son père

Après la guerre, son père, qui avait travaillé pour une télévision lancée par l’occupant nazi à Paris, se réfugie en Espagne comme de nombreux Français craignant d’être poursuivis pour collaboration, selon ses biographes. Léon Smet revient ensuite à Bruxelles, où il ouvre une école d’art dramatique, mais sans jamais vraiment reprendre contact avec son fils.

« Toute ma vie, j’ai été obsédé par l’absence de mon père, jusqu’à sa mort. Je ne l’ai pas connu, sinon dans des moments désagréables. Il était alcoolique, séducteur, ingérable et un grand artiste, comme me l’avait un jour confié Serge Reggiani, qui l’avait eu comme professeur de comédie à Bruxelles », a raconté Johnny au Journal du dimanche en 2014.

« Ça ne m’a pas empêché de pleurer à ses funérailles », le 20 novembre 1989 au cimetière de Schaerbeek à Bruxelles, a confié le chanteur. « Ce jour-là, j’étais le seul à avoir fait le déplacement. Pas une femme, pas un ami. La solitude absolue devant la mort. Je n’aimerais pas finir comme ça ! ».

Polémique autour de sa demande de nationalité belge

Cette filiation frustrée a été au cœur d’un feuilleton hypermédiatisé en 2006 et 2007, lorsque Johnny a décidé – à la grande surprise de ses fans – de demander la nationalité belge pour « raisons sentimentales ».

Mais en pleine campagne électorale, le chanteur, qui avait affiché un soutien appuyé au candidat de droite Nicolas Sarkozy, a été accusé de vouloir par ce biais échapper au fisc français. Johnny Hallyday venait alors de s’installer dans la station de ski huppée de Gstaad (Suisse) et ses détracteurs lui prêtaient l’intention d’une domiciliation à Monaco, où les Belges jouissent, contrairement aux Français, d’une fiscalité très clémente.

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Mais l’affaire se corse rapidement. Faute d’avoir sa résidence principale en Belgique, Johnny doit prouver des « attaches véritables avec la Belgique ». Son cas litigieux doit être tranché au plus haut niveau, par la Commission des naturalisations du Parlement belge.

« Je suis Français. Je reste Français »

« Ma filiation me lie de façon certaine à la Belgique, pays de mes racines », avait fait valoir la star dans une lettre manuscrite adressée aux députés, soulignant qu’il aurait pu lui aussi « être belge le jour de [sa] naissance, en 1943, s’il n’y avait pas eu de discrimination, à cette époque, entre les enfants légitimes et ceux nés hors mariage. »

Après 21 mois d’attente et alors que les parlementaires belges doutaient ouvertement de la « sincérité » de sa démarche, Johnny Hallyday avait tout simplement fini par renoncer en octobre 2007. « Je suis Français. Je reste Français. J’ai changé d’avis. On m’a assez traîné dans la boue, avait-il expliqué, ajoutant : « Je me suis demandé ce qu’avait fait, après tout, mon père pour moi. J’ai eu le temps de réfléchir… Je suis très bien comme je suis ! »

Belge ou pas, Johnny est resté très populaire au pays de Jacques Brel, Salvatore Adamo, Frédéric François et Plastic Bertrand. En témoigne l’hommage spontané organisé par des centaines de motards à son arrivée à Bruxelles en juin dernier pour un concert.