Anna Wintour, plus connue sous le nom du «Diable qui s’habille en Prada», est la grande prêtresse du «Vogue» américain. «Comme Donatella Versace ou Naomi Campbell, elle est une caricature du monde de la mode et incarne tous les clichés de la dinguerie de ce métier», raconte Loïc Prigent, réalisateur de «La vraie vie d’Anna», un pastiche de 26 minutes sur cette drôle de femme (1).

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De nationalité britannique, elle n’a jamais quitté son carré lisse, ses lunettes de soleil et ses jupes au-dessus du genou, marques de fabrique de celle qui est devenue une griffe à elle toute seule. Chanel aurait même conçu un imprimé baptisé «l’imprimé Anna Wintour».

«La vraie vie d’Anna» abonde dans le sens du mythe. On apprend qu’elle fait monter ou descendre la cote des créateurs — c’est elle qui a placé Marc Jacobs chez Louis Vuitton et John Galliano chez Dior, multipliant leur chiffre d’affaire par dix ; qu’elle ne reste jamais plus de dix minutes à une fête, le temps de trouver la personne à qui elle doit parler et de ressortir aussitôt; qu’elle a eu une liaison avec Bob Marley et qu’elle est même capable de se rendre à un enterrement en tailleur blanc. Référence à l’Orient, où le blanc est la couleur du deuil? «Je doute que ce soit par spiritualité, sourit Loïc Prigent. A mon avis, c’est plutôt pour le pouvoir de l’image de ce tailleur haute couture à un défilé… euh, non, à la cérémonie.»

Quand Anna Wintour rédige un édito dans «Vogue» pour dire que «la fourrure doit revenir», hop, la fourrure revient! Les marques sont à sa botte, expliquent les spécialistes. «Elle est très crainte, raconte Loïc Prigent. Même la pire langue de pute n’ose plus l’ouvrir quand il s’agit de parler d’Anna Wintour, surtout sur la cote Est des Etats-Unis.»

Prada par ci, Prada par là

La chef de «Vogue» aurait même de l’humour, assure le réalisateur. «Quand est sorti le film le «Diable s’habille en Prada», adapté du livre de Lauren Weisberger, l’une de ses ex-assistantes, elle n’a pas cherché à le mettre sous embargo. Elle a même organisé une séance privée de projection pour toute sa ribambelle d’assistantes. Et sur leur siège, il y avait pour chacune un sac Prada !» Pas étonnant, dès lors, que le gratin considère la soirée des Oscars comme de la gnognotte par rapport à la fête annuelle de la diablesse au Metropolitan Museum of Art (MET) de New York.

A bientôt soixante ans, Anna Wintour règne depuis plus de deux décennies sur le «Vogue» américain. Retraite en vue? «Une retraite? Pour Annaaaa? Vous êtes dingue?», répond le réalisateur.

(1) Diffusé sur Canal + le 5 janvier lors d’une soirée dédiée à Anna Wintour