EXPOSITIONHergé prend ses quartiers au Grand Palais

Hergé au Grand Palais: Le père de Tintin dévoile d'autres facettes de son art

EXPOSITIONPour la première fois, l’œuvre d’un auteur de bande dessinée a l’honneur des Galeries Nationales et le résultat est à la hauteur : l’exposition est monumentale…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

En 1969 déjà, le créateur de espérait que la bande dessinée « acquerrait enfin, au XXIe siècle, droit de cité, comme la littérature ou le cinéma ». Il aura fallu pas loin de 50 ans pour que son vœu se réalise et qu’il en soit le principal artisan ! La que le consacre en effet au belge George Remi (le vrai patronyme d’ ), disparu en 1983, a ceci de remarquable qu’elle offre un écrin majeur à un art souvent (injustement) considéré comme mineur.

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, directeur éditorial chez Casterman et « spécialiste » d’Hergé (il a coécrit , aux éditions Robert Laffont) confirme à 20 Minutes que l’événement « confère enfin une dimension un peu institutionnelle à la BD. Parce que si les expositions consacrées à des auteurs de BD sont de plus en plus fréquentes, elles étaient jusqu’alors présentées dans des espaces de moindre prestige ».

Pas que Tintin, mais quand même…

Comme zapper Tintin – plus de 250 millions d’albums vendus par le monde en 110 langues et dialectes — eut été une boulette, la série créée en 1929 occupe une place de choix dans le parcours de l’exposition : on y reconnaît, parfois la larme à l’œil, moult des crayonnés, planches et illustrations originales, aplats de couleurs qui ont bercé la jeunesse de tout amateur de BD.

Pour autant, l’éternel héros à la houppe blonde n’est que la partie émergée de cet iceberg que représente l’œuvre d’Hergé : « Il a produit d’autres séries, comme Quick et Flupke ou , rappelle Benoît Mouchart, mais aussi – on le sait moins — un très grand nombre d’affiches publicitaires et quelques tableaux qui tendent vers l’art abstrait ».

Et c’est précisément les "autres talents" d’Hergé que le Grand Palais a pris le parti de mettre en avant. Pour les introduire, l’exposition s’ouvre sur des toiles de maîtres comme , etc, issues de la collection que le créateur de Tintin entreprit sur la fin de sa vie. Le visiteur pourra même flamber en racontant qu’il a vu un portrait d’Hergé par ! Benoît Mouchart trouve d’ailleurs « assez malin de recevoir le public sous cet angle, parce que le trait d’Hergé – la fameuse « »- est justement une sorte d’épure qui tend vers l’abstraction ».

Plus d’une corde à son arc

Sauf que si la maestria d’Hergé est universellement reconnue en matière de BD, ses quelques essais de peinture contemporaine – également présentés — laissent dubitatif… On est fichtrement plus convaincu, en revanche, par ses innombrables affiches (essentiellement pour des canards de l’époque), dont la géométrie des lignes révèle effectivement l’influence que l’art abstrait a exercé sur l’œuvre du dessinateur belge.

Affiches publicitaires signées Hergé © GINIES/SIPA 2016

Un personnage discret

En complément de son œuvre artistique, le Grand Palais tente aussi - mais plutôt timidement — de lever le voile sur « l’homme » que fut Hergé à travers différents écrits, des témoignages et quelques photographies. Pourtant, « l’aspect humain d’Hergé n’apparaît qu’en filigranes ; mais ça lui ressemble, puisqu’il s’est toujours plus ou moins effacé derrière son travail », rappelle Benoît Mouchart. « En fin de compte, tout le monde connait l’artiste mais l’homme demeure souvent un mystère. Ceci dit, ça n’empêche en rien d’être captivé par l’expo ! ».

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Co-organisée par le , en Belgique, d’où provient l’essentiel du matériel exposé, cette rétrospective suscite, par son essence, le dialogue entre générations. « Du coup, les grands-parents peuvent y emmener leurs petits-enfants… ou vice-versa, reprend le spécialiste d’Hergé. Pour beaucoup de gens, ça va être très émouvant de découvrir la “vibration” des crayonnés, la précision de l’encrage, les premiers bleus de couleurs. Ils vont tout à coup réaliser que tout ça a été fait par une seule personne. Mais quelle personne, et quel artiste ! » Grâce à son dessin épuré et ses récits appuyés sur des mythes, des contes, Hergé a réussi à créer une œuvre intemporelle.

« Hergé » - Exposition au Grand Palais (Paris), du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017