Stieg Larsson, l’auteur venu de Suède qui ravit la France
•LIVRES – Décryptage d’un succès...Alice Antheaume
Larsson, Stieg Larsson. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand chose. Pourtant, c’est l’auteur suédois qui déboule en force dans les librairies et bibliothèques françaises. La maison d’édition Actes Sud a publié en septembre «La Reine dans le palais des courants d'air», le dernier tome de sa trilogie, «Millenium». Depuis, il s’en vend environ 1.500 par jour. «Les ventes devraient encore progresser, explique Magdalena Hedlund, directrice des droits d’exploitation pour la maison d’édition suédoise Norstedts. Larsson a été traduit dans 19 pays, et en France, on compte beaucoup sur le bouche-à-oreille.»
Comment expliquer ce succès? 20Minutes.fr revient sur l’engouement naissant autour de Stieg Larsson, mort en 2004.
L’influence venue du Nord
Après Ikea, H&M, les Krisprolls, Nokia, l’Europe du Nord continue d’influencer la France. Cette fois-ci, avec le polar suédois. Les éditeurs français ont flairé la tendance: depuis quelques mois, les catalogues d’auteurs se sont enrichis de noms venus du froid. Hakan Nesser et Henning Mankell au Seuil, Asa Larsson chez Gallimard, Karin Alvtegen chez Plon, Leif Persson aux Presses de la cité.
Une société d'actualité
L’ambiance de «La Reine dans le palais des courants d'air»? A mi-chemin entre «James Bond» et la série «24». Le héros, Michael Blomkvist, est une sorte de journaliste-justicier qui ne rate jamais l’occasion de dénoncer les failles de la société, tout en évoluant dans une société remplie de téléphones portables, de PDA et de start-up. «Une vraie comédie humaine», juge le traducteur de l’ouvrage en français Marc de Gouvenain.
Un personnage hors norme
Lisbeth Salander, ultra fortiche en informatique, est la trouvaille originale qui fait beaucoup pour le succès du livre. «Elle ne ressemble à aucun autre personnage déjà existant dans la littérature», s’enthousiasme Magdalena Hedlund. Et pour cause, Lisbeth a tout pour plaire: fille d’espion, tatouée, piercée, maquillée à la truelle, elle a déjà connu l’internement en institut psychiatrique.
Un auteur devenu légende
Stieg Larsson est mort d’une attaque cardiaque le 9 novembre 2004, juste avant que paraissent ses livres en Suède, publiés par Norstedts. Si, sans cynisme aucun, on observe la ferveur autour de «La conjuration des imbéciles» dont l'auteur, John Kennedy Toole, s'était suicidé (avant la publication de son oeuvre) par, dit-on, désespoir d'avoir essuyé tant de refus des maisons d'édition, on sait à quel point le décès d’un romancier/chanteur/peintre participe de sa notoriété posthume. De même, «Le petit prince» d'Antoine de Saint-Exupéry, «tirelire de la maison Gallimard» selon «Lire», bat le record mondial des traductions et sa diffusion ne faiblit pas depuis 1944, l'année où l'aviateur a disparu.
Le contentieux
Larsson mort, la question des droits laissés par l’auteur se pose. Eva Gabrielsson, sa compagne, en revendique la gérance, mais n’étant pas mariée avec Larsson, ce sont son père et son frère qui en ont le contrôle. La bataille judiciaire fait donc rage alors que les héritiers ont déjà accepté que la trilogie soit adaptée pour un film et une série télévisée. Mais l’enjeu est ailleurs: un quatrième ouvrage inachevé du défunt a été retrouvé. Pour l’instant, seules Eva Gabrielsson et la maison d’édition suédoise détiennent le fichier retrouvé sur l’ordinateur de Larsson.
Mais qui va achever ce livre posthume? Et qui aura les droits sur cet ouvrage? L’histoire n’a pas fini d’être écrite.
Et vous, avez-vous lu Stieg Larsson? Qu'en avez-vous pensé?