«Pokémon GO» est-il dangereux pour les enfants?
JEU VIDEO•Si les adeptes de «Pokémon GO» sont surtout des ados et des adultes, les enfants y jouent aussi et posent la question de l'âge, de la sécurité...V. J.
Contrairement aux idées reçues, la moyenne d’âge des joueurs de Pokémon (sur Game Boy puis Nintendo DS) se situe autour de 20 ans - contre 13 ans pour Call of Duty. Et il suffit de regarder ses collègues-chasseurs au bureau ou de croiser les passants-chasseurs dans la rue pour se rendre compte qu’il en va de même pour Pokémon GO.
Lors d’une chasse de République à la Villette à Paris ce lundi, les joueurs avaient entre 16 et 32 ans. Mais les enfants y jouent aussi : deux d’entre eux, canadiens, ont franchi la frontière américaine sans s’en rendre compte tandis que Kyle, 10 ans, a pris des mesures extrêmes (son sac à dos et sa trottinette) lors que sa mère a supprimé l’application de son téléphone.
« Il ne faut pas oublier une réalité, il faut un téléphone pour y jouer »
Jeu virtuel mais situé dans le monde bien réel, Pokémon GO présente-t-il des risques pour les enfants ? A partir de quel âge peut-on commencer à y jouer ? « Il ne faut pas oublier une réalité, il faut un téléphone pour y jouer, rappelle Michaël Stora, psychologue et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. Pas de portable, pas de jeu. Mais il est vrai que l’âge du premier portable avance, on parle de 10 ans aujourd’hui. Mon fils est en sixième et il est le seul à ne pas en avoir dans sa classe. » Pour autant, le spécialiste ne voit pas a priori de problème : « J’ai été très étonné par le tweet de la ministre des Familles, elle n’a rien compris. Pour l’une des premières fois, le virtuel sert le réel, il facilite les rencontres, la sociabilisation est totale, et répond aux reproches habituellement fait aux joueurs. Les geeks sortent de chez eux ! »
« Le virtuel est toujours une surface de projection de fantasmes »
Mais on peut aussi se faire l’avocat du diable et évoquer les prises de risques, les mauvaises rencontres. « Le virtuel est toujours une surface de projection de fantasmes, commente Michaël Stora. Vous pensez aux ados totalement obnubilés qui peuvent se faire écraser sur la route, ou même aux pédophiles si je vous suis bien. Il y aura peut-être des faits divers, comme ces deux petits Canadiens qui ont fini aux Etats-Unis. Mais c’est comme pour tout jeu, ou sortie. Si vous demandez à votre enfant d’aller chercher le pain, vous lui dites de faire attention, de rester méfiant sans non plus devenir parano. »
Entre geeks et en famille
Les différents rassemblements à travers la France révèlent que Pokémon GO se joue entre geeks mais aussi en famille : « Delphine accompagne son fils de treize ans qui, désormais, la suit même quand elle va faire des courses. "Un miracle pour un ado !" », rapporte La Voix du Nord. La chasse pourrait d’ailleurs durer au-delà de l’été, et le phénomène s’inscrire sur le long terme. « Le moteur de réalité augmentée existait déjà pour d’autres jeux, explique Michaël Stora, mais il lui manquait une licence assez forte. Le lancement en période estivale est idéale, et avec de nouveaux contenus, le jeu a tout pour plaire aux adeptes de la collectionnite et du scoring. » Le psychologue a lui-même installé Pokémon GO dimanche et immédiatement attrapé son premier monstre, un très rare. « J’en ai discuté avec un taxi ce matin, il était hyper jaloux. »