«My Hero Academia» : Le successeur de «Naruto» débarque en France
MANGA•Précédé d'une réputation flatteuse, le manga «My Hero Academia» a désormais droit à une version française…Olivier Mimran
«Je pense que My Hero Academia est la série qui prendra la succession de Naruto ». La déclaration est d’autant plus bluffante qu’elle émane de Masashi Kishimoto, le propre créateur de Naruto (l’un des mangas les plus populaires au monde). Il faut dire que MHA, comme on l’appelle au Japon, a effectivement démarré sa carrière sur les chapeaux de roue : depuis la sortie de son premier volume, en novembre 2014, la série collectionne les honneurs (Prix du « manga le plus prometteur », 2e Prix des libraires 2015, 5e du prestigieux Kono manga ga sugoi ! et 8e des Taisho awards) et cartonne en librairie puisque ses 8 premiers tomes totalisent près de 4 millions d’exemplaires vendus en un an. C’est phénoménal !
Boku No Hero Academia © 2014 by Kohei Horikoshi/SHUEISHA Inc.
Des super-pouvoirs à la portée de tous… ou presque !
Fort de ces succès, le shonen MHA arrive chez nous sous les auspices des éditions Ki-Oon, qui publient demain les deux premiers volumes de sa traduction française. Les fans hexagonaux de manga vont donc enfin pouvoir découvrir l’univers -hyper riche- dans lequel évolue Izuku, un jeune garçon qui, il faut bien le reconnaitre, n’a vraiment pas de veine : dans un monde où 80 % de la population naît avec un super-pouvoir (appelé « alter »), lui en est totalement dépourvu. Izuku assiste donc, impuissant, aux combats quasi-quotidiens qui opposent super-héros – au premier rang desquels All Might, son idole- et super-vilains, car tous ne font pas le meilleur usage de leur « alter »… Alors qu’il est sur le point de renoncer à intégrer la prestigieuse Hero Academia, le gamin fait la rencontre fortuite d’All Might, qui lui propose de le former, super-pouvoir ou pas. Youpi !
Bande-annonce officielle de My Hero Academia
Un auteur influencé par la pop culture occidentale
Né dans Shonen Jump, le plus important magazine de pré-publication japonais (d’où sont également issues des séries manga emblématiques comme Cobra, Dragon Ball, Cat’s Eye, Ken le survivant, Death Note, Naruto, One Piece etc), MHA doit certainement son succès aux influences (le manga ET les comics américains de super-héros) que revendique Kohei Horikoshi, son auteur. « Il fait partie de cette génération de créateurs nippons qui a grandi avec de nombreuses références de pop culture occidentales. Sans renier ses racines de mangaka, il développe donc un univers novateur et atypique qui arrive à faire la synthèse de plusieurs genres », confirme à 20 Minutes Ahmed Agne, co-fondateur des éditions Ki-Oon.
Boku No Hero Academia © 2014 by Kohei Horikoshi/SHUEISHA Inc.
Un héros mignon… mais sacrément loser !
Autres ingrédients indispensables à un succès : 1) le degré d’empathie que peut susciter un personnage auprès de ses lecteurs. Sur ce point, Izuku fait carton plein car il apparait – au début de la série, en tout cas — comme un sacré loser. Un loser tout mignon, mais un loser. Et 2) une trame simple, voire simpliste (ici, un gamin dépourvu de pouvoirs qui va s’élever à force de volonté et d’abnégation). Ce qu’Ahmed Agne justifie : « Naruto rêvait de devenir le plus grand des ninjas, Harry Potter un grand magicien, Luke Skywalker un puissant Jedi… La force des grands récits, c’est d’amorcer leur mythologie avec des postulats de départs a priori simples, et de les développer de manière tout sauf simpliste. Comme dans tout récit initiatique, c’est le cheminement pour atteindre l’objectif de départ et les relations entre les différents personnages qui font le sel de la narration. »
Boku No Hero Academia © 2014 by Kohei Horikoshi/SHUEISHA Inc.
« Des personnages barrés, donc attachants »
Ajoutons au crédit de MHA qu’on ne s’ennuie jamais à sa lecture. Pour Ahmed Agne, c’est « dû à son rythme, impeccable. MHA évite l’écueil de pas mal de récits du même genre en allant toujours droit au but. De plus, il propose une incroyable galerie de personnages, tous hauts en couleur : de Tsuyu, la fille-grenouille, à Eraserhead, le super-héros qui souffre de sécheresse occulaire, en passant par Kaminari l’apprenti héros qui disjoncte et devient neuneu quand il abuse de son pouvoir… L’auteur s’est vraiment fait plaisir à créer des personnages barrés et loin d’être parfaits, ce qui les rend éminemment attachants ! »
Boku No Hero Academia © 2014 by Kohei Horikoshi/SHUEISHA Inc.
Si tous ces atouts expliquent aisément le carton de MHA au Japon, qu’en sera-t-il dans l’hexagone ? Marchera, marchera pas ? Ahmed Agne est confiant : « Les français sont friands des récits de super-héros ; mais paradoxalement cette appétence se porte principalement sur le cinéma, les comics américains restant encore une lecture de niche du fait que c’est un genre littéraire qu’il est compliqué de pénétrer pour un lecteur novice (pour chaque héros, il existe une multitude de séries développant des univers différents)… Il y a clairement une place à prendre, et une des forces de MHA, c’est de proposer une mythologie neuve et immédiatement accessible pour n’importe quel lecteur. »
« My hero Academia » tomes 1 et 2, de Kohei Horikoshi - éditions Ki-Oon, 6,60 euros/volume