Attentats à Paris: Le réalisateur d'«OSS117» Michel Hazanavicius écrit à Daesh
CINEMA•Le metteur en scène a publié une lettre ouverte sur son compte Facebook...F.F.
Michel Hazanavicius, connu pour ses films The Artist et OSS117, a écrit une longue lettre ouverte aux terroristes de Daesh sur son compte Facebook, ce mercredi, après les attentats de vendredi à Paris.
Celle-ci, dont le ton est assez cru, est relayée par Kombini. Le réalisateur y décrit les Français : «… si chaque mort représente sans doute pour vous une victoire, il faut que vous sachiez que vous n’êtes pas près de gagner. A dire vrai c’est même impossible. Parce que quoi que vous fassiez, vous ne nous changerez pas. Ici, en France, nous ce qu’on aime, c’est la vie. (…) Pour nous, entre naître et mourir le plus tard possible, l’idée est principalement de baiser, rire, manger, jouer, baiser, boire, lire, faire la sieste, baiser, discuter, manger, argumenter, peindre, baiser, se promener, jardiner, lire, baiser, offrir, s’engueuler, dormir, regarder des films, se gratter les couilles, péter pour faire rire les copains, mais surtout baiser, et éventuellement se taper une joyeuse petite branlette. »
Le texte continue sur la liberté : « On n’aime pas trop qu’on nous dise trop fort ce qu’on doit faire ou ce qu’on ne doit pas faire. Ça s’appelle la Liberté. Retenez bien ce mot, parce qu’au fond, c’est ça que vous n’aimez pas chez nous. Ce n’est ni les Français, ni les caricaturistes, ni les Juifs, ni les clients de café ni les amateurs de rock ou de foot, c’est la Liberté. »
« Nous sommes plein de trucs »
Le compagnon de l’actrice Bérénice Béjo poursuit sur l’égalité : « La deuxième chose, c’est qu’en tuant comme ça, à l’aveugle, avec un objectif uniquement comptable, vous prenez le risque de tuer des Français de plus en plus représentatifs de la France. (…) Parce qu’en atteignant un échantillon représentatif de la France, vous allez toucher à ce que nous sommes vraiment. Et qui sommes-nous, vraiment ? Et bien c’est justement ce qui est beau ici, c’est que nous sommes plein de trucs. Bien sûr il y a quelques Français français français. Mais il y a des Français italiens, des Français espagnols, des Français arabes (…) La liste pourrait s’étendre presque à l’infini, avec toutes les combinaisons et tous les sous-groupes possibles. (…)
Ça, ça s’appelle l’égalité. Face à la mort, vous pouvez toujours cibler ce que vous voulez, vous nous toucherez tous. Et on va comprendre, nous, ce à quoi vous vous attaquez. Nos valeurs. Simples. Celles qui font que la vie ici ressemble à ce qu’elle est. Imparfaite certes, avec son lot d’injustices c’est vrai, mais ce sont ces valeurs qui font que nous vivons ici de manière aussi digne que possible. Ce pays dans lequel nos pères, et les pères de nos pères et leurs pères avant eux ont choisi de vivre, et pour lequel beaucoup d’entre eux se sont battus. »
« Des gens vont mourir, pour rien »
Avant de passer à la fraternité : « Ce qui va arriver, à un moment ou un autre, c’est que nous allons être solidaires, grâce à vous. Nous allons comprendre que ces valeurs sont en danger. Et nous allons les aimer et les faire vivre encore plus fort. Ensemble. Ça ça s’appelle la fraternité. C’est pour ça que vous ne pourrez pas gagner. Vous allez faire des morts, oui. Mais aux yeux de l’Histoire, vous ne serez que les symptomes abjects d’une idéologie malade. Bien sûr nous ne gagnerons pas non plus. Des gens vont mourir, pour rien. D’autres vont décider de s’en remettre à des Le Pen, des Assad ou des Poutine pour se débarasser de vous, et nous allons peut-être doublement perdre. Mais vous ne gagnerez pas. Et ceux qui resteront continueront de baiser, de boire, de dîner ensemble, de se souvenir de ceux qui seront morts, et de baiser », conclut Michel Hazanavicius.