CINÉMALe cinéma de Martin Scorsese à la Cinémathèque française

Le cinéma de Martin Scorsese à la Cinémathèque française

CINÉMAL'antre parisienne de la cinéphilie accueille dès ce mercredi une exposition fournie dédiée à l'œuvre du réalisateur de «Taxi Driver»...
Fabien Randanne

Fabien Randanne

Le « C’est à moi que tu parles ? » d’un chauffeur de taxi misanthrope, les coups droits et uppercuts de Raging Bull, un Joe Pesci « marrant » parmi les Affranchis, le « Loup de Wall Street » pris dans la spirale de la déglingue… Qui n’a pas, dans un coin de sa mémoire, une scène fétiche, une séquence culte signée Scorsese ? C’est cet imagier cinéphile que la Cinémathèque française nous donne l’occasion de parcourir jusqu’au 14 février.


On entre dans l’exposition comme dans une salle de cinéma : en plongeant dans une pénombre réconfortante. Quatre écrans nous font face, sur lesquels se déploient des images extraites d’une filmographie de plus de vingt films. Certains plans se dédoublent, d’autres se répondent, soulignant les thèmes communs et les motifs récurrents d’une œuvre familière.

Le parcours commence d’ailleurs sous le patronage de la famille. Scorsese, fils d’émigrés italiens, a puisé dans le décor de Little Italy – le quartier de New York où il a grandi - l’inspiration de bien de ses films où se côtoient liens du sang, liens du cœur et clans au sens large. Même sa mère a été mise à contribution à plusieurs reprises dans des rôles de mamma… La vie intime et l’œuvre d’une vie se mêlent. A l’image de cette table qui ne paye pas de mine et qui, pourtant, propriété des parents Scorsese, a vu s’asseoir autour d’elle Robert de Niro, John Cassavetes ou Peter Falk… Parmi toutes les pièces rassemblées à la Cinémathèque – scénarios annotés, Palme d’or de Taxi Driver, courriers signés Godard ou Kurosawa, costumes et accessoires – elle est l’une des plus marquantes.

Halte obligatoire à New York

La visite se poursuit, jalonnée de story-boards. Martin Scorsese ne peut envisager un tournage sans recourir à ces dessins représentant les plans à filmer. « C’est la sensation de la mine grasse sur le papier qui indique l’angle ou le mouvement de caméra », expliquait poétiquement le réalisateur de Casino lors de la présentation de l’exposition à la presse, lundi. Evidemment un espace est dédié à la « maestria » du réalisateur. Virtuosité de la mise en scène, science du montage, importance accordée à la musique : la colonne vertébrale qui fait bien des chefs-d’œuvre est disséquée en fin de parcours.

Un espace est consacré à la ville de New York. - PATRICK KOVARIK - AFP

Auparavant, la balade dans l’œuvre scorsesienne aura effectué un crochet nécessaire par New York. Peu de cinéastes ont croqué la Grosse Pomme avec tant d’appétit, de mordant parfois. Bonne idée : une maquette de la ville, cernée d’écrans, nous aide à visualiser les quartiers – Little Italy, Wall Street, Time Square, etc. - où se déroule telle scène de Gangs of New York, telle autre de Taxi Driver

L’exposition ne pouvait pas non plus faire l’impasse sur la cinéphilie de Martin Scorsese. L’amour du cinéma influence ses films. On nous démontre par exemple comment Hitchcock infuse dans Les Nerfs à vif et on nous rappelle qu’Hugo Cabret est un hommage à Méliès. Mais cette passion pousse aussi le réalisateur à défendre les œuvres des autres. S’il a co-fondé la Film Foundation, c’est pour assurer la restauration des films anciens et la pérennité de ce patrimoine cinématographique. En 1995, Martin Scorsese nous avait convié à un « Voyage à travers le cinéma américain », comme l’annonçait le titre de son documentaire. A la Cinémathèque, on a la preuve que voyager à travers le cinéma de Scorsese revient à voyager à travers le cinéma tout court.

Infos pratiques
Exposition jusqu'au 14 février 2016, à la Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, Paris 12e. Du lundi au samedi (sauf les mardis et les 25 décembre et 1er janvier), de 13 h à 19h (jusqu'à 22h le jeudi). Les samedis, dimanches et durant les vacances scolaires, de 10h à 20h. De 6 à 12 euros l'entrée (gratuit pour les abonnés Libre Pass). Rens. : www.cinematheque.fr