Andy Warhol: Ses séries et son côté bad boy mis en lumière au Musée d'art moderne
EXPO•On avait oublié à quel point Andy Warhol excellait dans l'art des séries, mais aussi sa force de transgression et la dimension subversive de son œuvre....Benjamin Chapon
L’œuvre prolifique du plus célèbre des artistes modernes génère une moyenne de vingt expositions par an dans le monde, bientôt 30 ans après sa mort. C'est ainsi que le Centre Pompidou-Metz et la Tate Modern à Londres en programment une en ce moment, de même que le Musée d’art moderne de la ville de Paris avec Warhol Unlimited. « Une exposition Warhol, c’est un succès probable, reconnaît Fabrice Hergott, directeur du musée. Warhol, ça attire l’attention et du public. Mais il faut aussi savoir se démarquer. »
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Le coup de maître du musée parisien est d’avoir réuni les 102 peintures qui composent l’œuvre Shadows présentée dans les 700 m2 de la salle New York du palais de Tokyo. « Elle occupe 130 mètres linéaires, détaille le commissaire de l’exposition Hervé Vanel. Ce n’est pas seulement une œuvre encombrante mais une œuvre qui se répand dans l’espace. Warhol met toujours le musée à l’épreuve. Shadows n’est pas qu’un ensemble de peintures. C’est une installation, voire un environnement. Il faut parcourir l’œuvre. C’est la mise en mouvement du spectateur qui lui donne son sens. »
L’exposition Warhol Unlimited au musée d’art moderne de Paris le 1er octobre 2015 - GINIES/SIPA
33 Jackies, mais pas de Mona Lisa
Le Musée d’art moderne a opté pour une exposition exigeante. Avant de découvrir Shadows, « une œuvre majeure, pas facile à regarder », le visiteur découvre plusieurs aspects du travail d’Andy Warhol. « Nous avons essayé de retrouver la perception de Warhol dans les années 1960, explique Hervé Vanel. Andy Warhol est un artiste de séries. On expose peu les séries. On voit souvent un Elvis, une Mona Lisa, une Jackie… »
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L’exposition Warhol Unlimited au contraire présente 33 Jackies, 20 Maos et autant de chaises électriques, certaines de ses sérigraphies les plus fameuses présentées dans une scénographie proche de celles voulues par Warhol au moment de leurs créations.
Une exposition gonflée
« On ne voulait pas d’une énième rétrospective, explique Fabrice Hergott. On a cherché à retrouver l’esprit de l'artiste. C’est une exposition de haute fidélité pour retrouver le côté mauvais garçon de Warhol. » Outre les sérigraphies exposées en nombre, Warhol Unlimited montre par exemple le film Empire en intégralité (plus de huit heures d’un plan fixe sur la pointe de l’Empire State Building), reproduit l’installation Silver Clouds (des ballons argentés gonflés à l’hélium flottent dans le musée) et permet de revivre le concert conceptuel du Velvet Underground, Explotic Plastic Inevitable.
L’exposition Warhol Unlimited au musée d’art moderne de Paris le 1er octobre 2015 - GINIES/SIPA
Pour Hervé Vanel, « avec le temps, Warhol a été déifié et son œuvre galvaudée. On l’a réduit à ce titre de roi du pop art en oubliant sa force de transgression et la dimension subversive de son œuvre. Warhol déjoue toujours nos attentes et met en scène la frustration. Dans Blow Job, il filme le visage d’un homme à qui ont fait une fellation, seulement le visage. Et dans Shadows, il fait 102 peintures d’une ombre, presque rien. » Avec ce genre de presque rien, Warhol a eu une influence majeure sur l’histoire de l’art. Mais avant ça, il avait bousculé ses contemporains.