MUSIQUEHellfest: «Les hommes cherchent toujours à savoir si les femmes savent jouer»

Hellfest: «Les hommes cherchent toujours à savoir si les femmes savent jouer»

MUSIQUELes Américaines de L7, à l'affiche du festival de metal, et les Française de Furies croisent leurs expériences...
Dolores Bakela

Dolores Bakela

Cela faisait quinze ans qu’elles n’avaient pas joué en France. Les L7, le groupe de hard rock féminin fraîchement reformé venu de Los Angeles, était de passage au Bataclan mercredi avant de jouer au Hellfest ce samedi. « Nous nous sentons chanceuses d’être les rares femmes à être à l’affiche de ce festival métal-hard rock, nous qui sommes des punks qui jouent du hard rock », confient à 20 Minutes Donita Sparks et Demetra Plakas, respectivement chanteuse et batteuse du groupe.

Et elles balaient de suite le cliché qui voudrait que le monde de la musique métal ou hard rock soit fermé aux femmes. « On a le plus souvent été bien accueillies par nos collègues musiciens, musiciennes, leurs équipes, même s’il y a bien sûr parfois de sacrés machos », explique Donita Sparks dont le groupe a été très proche de Nirvana. « C’était plutôt les gens de l’industrie, en costume, qui ne comprenaient ni nous, ni notre musique, certains médias qui étaient arriérés, qui venaient d’un univers machiste », explique-t-elle. Être une femme dans un groupe de femmes ? « Peu importe. On n’a pas cherché à s’appeler “Les Vagins quelque chose” ou autre, revendiquer, juste faire de la bonne musique », concluent les deux, rappelant l’influence des New Yorkais Ramones, qui les a encouragées à devenir musiciennes.

Le groupe français Furies - Sonia Blade


Judas Priest ou Death ont énormément marqué Elisabeth, ou Roxie Velour, son pseudo de batteuse dans Furies, formation de métal française 100 % féminine avec deux ans d’existence et auteure d’un EP remarqué sorti en mars dernier. « Vixen ou encore Girlschool ont été très importantes pour moi. Voir des groupes uniquement constitués de femmes m’ont montré que c’était possible », explique la musicienne. Evoluer dans un milieu musical plutôt masculin peut avoir des bons côtés. « Les hommes sont plutôt bienveillants, mais il y a toujours le préjugé de savoir si on sait jouer », souligne-t-elle, évoquant ceux qui, lorsqu’elles sont en concert, les scrutent sur le côté de la scène pour vérifier leurs aptitudes.

S’il y a toujours eu des groupes de « métalleuses », le Hellfest n’est pas l’unique responsable du manque de femmes à l’affiche. « Ils auraient pu booker d’autres groupes de femmes qui ont une actu comme Rock Goddess, qui font leur retour. Le manque de musiciennes dans ce milieu a une raison plus profonde », note Elisabeth. « J’ai eu la chance que mes parents ne me disent jamais que faire de la batterie est réservé aux garçons ! Il faudrait que ce soit plus évident pour tous d’encourager à faire toutes sortes d’activités. » Cette année, elle ira en visiteuse au festival, mais avec ses acolytes, aux côtés de qui elle travaille de nouvelles chansons plus dans le genre thrash, nul doute qu’Elisabeth et ses Furies iront un jour au Hellfest.