ARTS VIVANTSInquiétudes sur les festivals à quelques jours du Printemps de Bourges

Inquiétudes sur les festivals à quelques jours du Printemps de Bourges

ARTS VIVANTSLe festival du Printemps de Bourges débute vendredi, dans un contexte financier tendu pour de nombreux festivals...
Thomas Fersen, ici en 2013, est à l'affiche de l'édition 2015 du Printemps de Bourges. Son concert affiche complet
Thomas Fersen, ici en 2013, est à l'affiche de l'édition 2015 du Printemps de Bourges. Son concert affiche complet - SADAKA EDMOND/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Ce 24 avril, le printemps de Bourges inaugure la saison des festivals dans une ambiance morose. Emeline Jersol, une médiatrice culturelle travaillant dans le Nord de la France avait réalisé une «cartocrise» depuis mars 2014. 143 festivals et structures (associations, théâtres...) étaient supprimés ou annulés, dans tous les domaines théâtre, arts plastiques, cinéma etc. Son bilan actuel n'est pas rassurant. Ce chiffre atteint désormais 179, dont une moitié de festivals et «je reçois des mails (signalant des annulations) tous les jours», dit-elle.

Fermeture de lieux, réduction de la durée des manifestations

«Il y a de multiples causes: baisse de subventions, alternance politique, problèmes de renouvellement ou de succession à la tête des festivals, relève Bénédicte Dumeige, directrice de France Festivals, qui regroupe 80 festivals, surtout de musique classique et jazz. Le Festival d'Avignon a réduit de deux jours sa durée et fermé un lieu, la carrière de Boulbon, face à la baisse de 5% de la subvention de la ville. Rio Loco à Toulouse se déroulera sur 4 jours au lieu de 5 cette année, afin de «maintenir un haut niveau de qualité» malgré un budget en recul de 15% à 1,2 million d'euros, selon l'adjoint au maire chargé des questions culturelles, Francis Grass.

Les festivals de rock, pop ou électro s'en sortent mieux

Les festivals de rock, pop ou électro, dont l'économie repose davantage sur la billetterie et moins sur les subventions, se portent bien dans l'ensemble. Le Printemps de Bourges, conserve ainsi ses subventions (près de 30% du budget). Cas particulier: l'Hadra trance festival, plus grand festival de musique électronique trance en France, a été prié de plier bagage par le nouveau maire de Lans-en-Vercors (Isère), au motif qu'il était contraire à «l'esprit familial» de la station. A Grenoble, la nouvelle municipalité Verts/Front de gauche a arrêté son soutien aux Musiciens du Louvre et coupé dans les budgets. «On nous a annoncé une baisse rétroactive de 20% pour l'édition 2014, et pour 2015», proteste Benoit Thiebergien, directeur du festival de création musicale «Détours de Babel». «La municipalité dit privilégier les événements festifs et populaires, on se demande ce que cela veut dire», s'interroge-t-il.

Un pacte proposé par Fleur Pellerin

«Il y a une tendance dangereuse: les municipalités disent que puisque l'Etat se désengage, ils vont reprendre la main, il y a un risque de balkanisation, avec l'émergence d'une politique dictée par les goûts des élus», dit-il. Face aux craintes exprimées, la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, propose aux villes qui maintiennent leur effort pour la culture un «pacte» sur trois ans qui stabilise les financements de l'Etat. A ce jour, seuls quatre pactes ont été signés mais la ministre s'apprête à en conclure deux autres d'ici la fin du mois: l'un avec Toulon, l'autre avec Bourges.