La petite bourgeoisie mise en pièce dans une farce de Labiche
Il y a des petits matins difficiles. Celui de Lenglumé bat des records dans L'Affaire de la rue de Lourcine au théâtre de l'Odéon à Paris jusqu'au 31 mars. « Où est mon pantalon ? Tiens ! Je suis dedans ! », s'étonne-t-il les yeux mi-clos et la tête ...©2006 20 minutes
Il y a des petits matins difficiles. Celui de Lenglumé bat des records dans L'Affaire de la rue de Lourcine au théâtre de l'Odéon à Paris jusqu'au 31 mars. « Où est mon pantalon ? Tiens ! Je suis dedans ! », s'étonne-t-il les yeux mi-clos et la tête à l'envers. Encore imbibé de ce qu'il a bu la veille, il découvre un ronfleur dans son lit. Tous deux ne se souviennent de rien, ce qui est suffisant pour s'accuser – à tort – du meurtre d'une charbonnière... Si la farce de Labiche est une merveille d'écriture et de mécanique (trous de mémoire, confusion et quiproquos à tout va), Macha Makeieff et Jérôme Deschamps l'ont mis en scène avec une précision d'orfèvre et un délire gestuel dont aucun excès ne semble incohérent. Le valet ondule pour mieux regarder dans les coins, le cousin avance sournoisement pour demander de l'argent et les deux noceurs se débattent comme ils peuvent. Sans compter les entrées du pianiste en vol plané ! Tout s'emballe jusqu'à ce que les pseudo-assassins récidivent pour masquer le crime originel... On exulte alors devant le talent de Labiche pour épingler la petite bourgeoisie capable du pire et celui des metteurs en scène qui mettent au diapason des comédiens remarquables de vivacité et de fantaisie.
Charlotte Lipinska