Mathias Cena
De notre correspondant à Tokyo
Des sacs, un réveil, des chaussures, de la vaisselle, des figurines, des jeux vidéo et même un vieux téléphone jauni. Un simple coup d’œil aux dizaines d’objets hétéroclytes exposés, des produits dérivés du manga Captain Tsubasa, devenu en France le dessin animé «Olive et Tom», en dit long sur sa popularité. L’exposition «Captain Tsubasa: le ballon est ton ami», qui a ouvert ses portes à Tokyo la semaine dernière à l’occasion de la Coupe du monde, explore cette œuvre qui a contribué à populariser le football au Japon, et bien au-delà.
Dans l’Archipel, où la première ligue de football professionnelle n’a été créée qu’en 1993, le sport est en effet confidentiel quand le manga commence à paraître en 1981 dans le magazine nippon Weekly Shonen Jump. Le succès de Captain Tsubasa (à son apogée en 1995, Weekly Shonen Jump était diffusé chaque semaine à 6,5 millions d’exemplaires) pousse vers le ballon rond des gamins qui sont devenus les stars de l’équipe nationale japonaise.
Iniesta parle de sa passion pour le dessin animé
Ozora Tsubasa, le personnage principal (Olivier Atton dans la version française), ressemble d’ailleurs beaucoup à l’attaquant star de Manchester United Shinji Kagawa. C’est du moins ce que pense le créateur du manga, Yoichi Takahashi: «Ils jouent au même poste, ils font tous les deux de bonnes passes, ils sont plutôt petits, mais ils sont techniques et rapides», explique le mangaka. Shinji Kagawa, peut-être paralysé par la comparaison, n’a pas réellement brillé lors des deux premiers matchs de l’équipe du Japon en Coupe du monde, contre la Côte d’Ivoire et la Grèce.
Sur les murs de l’exposition, des centaines d’illustrations et planches originales du manga entourent des affiches qui présentent les équipes de football fictives et les joueurs les plus charismatiques de l'oeuvre. Derrière un rideau de maillots de foot, un écran diffuse en boucle une interview vidéo d’Andrés Iniesta, dans laquelle le milieu du FC Barcelone évoque sa passion pour le dessin animé, qui a connu le succès en Espagne sous le titre «Campeones: Oliver y Benji». Dans le manga, Ozora Tsubasa est justement transféré au Barça après quelques saisons à Sao Paulo.
«Olive et Tom, ils sont toujours en forme…» A l’autre bout de la salle, sonnent les premières notes du refrain du générique français. «Tom, Olivier, sont super entraînés…» C'est avec l’adaptation pour le petit écran en 1983 (la version française est visible en streaming intégralement et légalement, ici) que Tsubasa est véritablement parti à la conquête du monde, incitant des générations entières à chausser les crampons.
Un visiteur de l’exposition lit à voix haute la liste des pays et régions où le dessin animé a rencontré le succès: «France, Espagne, Italie, Afrique du Nord…», s’exclame-t-il, incrédule. En tout, une cinquantaine de pays ont connu la folie Captain Tsubasa, qu’ils appellent «Holly e Benji» (Italie), «Super Campeones» (Amérique latine) ou «Captain Majed» (monde arabe). Un engouement qui est loin de s'éteindre: une nouvelle série de mangas a été lancée au Japon en décembre dernier. Toujours en forme, on vous dit.