CULTURELa télé, déjà au musée (des Arts et Métiers)

La télé, déjà au musée (des Arts et Métiers)

CULTURELe petit écran est la star de «Culture TV», une exposition très réussie qui s’est ouverte mardi au musée des Arts et Métiers à Paris…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Top!…. Créée en 1935 par René Barthélémy, dotée alors de 180 lignes, je bouleverse depuis quatre-vingts ans le quotidien de tous les Français que je captive en moyenne 3h50 par jour, je suis, je suis… La télévision.

Et parce que la «culture télé» ce n’est pas seulement imiter Julien Lepers dans «Questions pour un champion», voici au moins quatre raisons de ne pas rater l'expo qui se tient au musée des Arts et métiers à Paris, jusqu’au 15 mars 2015.

Parce que c’est notre histoire. «On est au musée, mais c’est notre histoire qu’on vient voir», lance Monique Sauvage, l’une des deux commissaires de l’exposition. Pour retracer 80 ans d’émissions et de technique, elle et Isabelle Veyrat-Masson, auteurs de L’Histoire de la télévision française de 1935 à nos jours, ont habilement opté pour un parcours thématique où l’on commence à droite par s’interroger sur la télévision comme «arène de l’info», de la création de la RTF en 1949 à la libéralisation déclenchée par mai 1968, jusqu’à la dernière campagne présidentielle. «Qu’on le veuille ou non, l’ORTF, c’est la voix de la France», peste Pompidou d’un côté tandis que Ségolène Royal explique «sa colère saine» un peu plus loin, parmi plus de 250 extraits issus des archives de l’INA proposés. «La télé ne fait pas l’opinion, comme on le dit beaucoup, elle fait les représentations, nuance Monique Sauvage. "Les dossiers de l’écran", "Cinq colonnes à la une" ont beaucoup façonné l’image qu’on s’est faite des grands débats sociaux.»

Pour revoir le club Dorothée. De «Tournez Manège» à «Tellement vrai», de «Thierry la Fronde» à «Mad Men», du «Club du jeudi» au «Club Dorothée»… Sur la gauche de l’exposition dédiée à la télévision comme contenu, instants nostalgie à prévoir. Toutes les générations s’y retrouvent et on constate l’explosion des formats: au départ, la télé, c’était des films de cinéma, de la variété, point. «On a voulu montrer que de toutes les télévisions européennes la télévision française est celle qui a le plus tenu son ambition culturelle», explique Monique Sauvage. Eh oui, avant 2001 et le fameux «Loft», il y a près de soixante-dix ans de programmes.

Pour présenter la météo et retrouver ses vieilles télés. N’est pas Evelyne Dheliat qui veut, a-t-on pu conclure après avoir essayé le studio météo installé en fin de parcours et découvert la magie du fond vert. De quoi se détendre après une projection éprouvante qui condense en 15 minutes de «grands moments de télé», qu’ils soient de «communion» (La finale de 1998) ou de «sidération (la famine au Biafra, le 11 septembre 2001…). L’ingénieur qui sommeille en vous peut aussi se plonger dans 80 ans de prouesses techniques en retrouvant, dans l’allée centrale, les postes de télévisions de différentes périodes (Des premiers qui prenaient la moitié du salon aux écrans plats) issus de la collection du Musée.

Parce que la télé ne va pas mourir demain. Donc autant mieux la connaître. La fin de la grand-messe du 20h, la multiplication des écrans, le boom du replay… Oui, les usages évoluent mais «ce n’est certainement pas la fin de la télé, tranche Monique Sauvage qui note que «seulement 6 % des gens la regardent sur d’autres supports que la télévision». Après tout, on avait bien annoncé, aussi, la mort de la radio… à laquelle le Musée des Arts et Métiers avait consacré une exposition en 2012. En attendant un grand musée de la radio et de la télé à Paris? «Il y en a à Turin et dans tant de grandes villes européennes, explique Monique Sauvage. Il faut que ça se fasse!»