BANDE DESSINEERiad Sattouf: «On dirait que Rennes s’est calmée»

Riad Sattouf: «On dirait que Rennes s’est calmée»

BANDE DESSINEEL’auteur et réalisateur est de retour dans la ville où il a grandi...
Propos recueillis par Camille Allain

Propos recueillis par Camille Allain

Né à Paris en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf a passé toute son adolescence à Rennes. En 2008, l’auteur de bande-dessinée est revenu dans la capitale bretonne pour y tourner son premier film «Les beaux gosses», qui a fait un carton avec près de 900 000 entrées. Cinq ans plus tard, Riad Sattouf est de retour avec «L’arabe du futur» (Allary Editions), une bande-dessinée sur son enfance passée entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de sa grand-mère et la Syrie d’el-Assad.

«L’Arabe du futur» raconte votre enfance. Vous semblez avoir des souvenirs très précis de l’époque.

J’avais deux ans quand je suis arrivé en Libye. Je me souviens surtout des ambiances et des odeurs. Je me rappelle de l’image de Kadhafi, d’un homme viril toujours habillé en militaire qui marche en musique. J’ai recomposé les dialogues à partir de ces souvenirs. Je n’ai posé de question à personne. Je voulais tout faire à partir de ma mémoire.

Le confort était rudimentaire à votre arrivée en Libye mais vous ne vous en plaignez pas.

J'avais à coeur de raconter l'histoire la plus honnête possible sans m'apitoyer sur mon sort. Je voulais simplement relater des faits.

Pourquoi ce livre aujourd’hui?

Quand la guerre a commencé en Syrie, j’ai dû aider une partie de ma famille qui habitait encore près de Homs. Quand ils sont arrivés en France, c’était la fin de mon histoire syrienne et j’ai décidé de la raconter dans une BD. Il me fallait une fin pour me lancer.

Vous êtes ensuite arrivé en Bretagne. On voit dans le livre vos promenades dans le vent sur le cap Fréhel.

Mon arrière arrière grand-père était gardien de phare au Cap Fréhel. C'est un lieu que j'adore, même si ça fait des années que je n'y suis pas allé.

Vous avez passé votre adolescence mais vous en parlez comme ville de la lose. Vous n’en gardez pas un bon souvenir?

Si, c’est un endroit que j’aime beaucoup. C’est ma vie de l’époque qui était une lose. J’étais adolescent. Pour moi, comme pour beaucoup de gens, c’était une période assez compliquée et ennuyeuse. Je n’ai jamais eu de petite amie à Rennes par exemple.

Vous avez laissé entendre que vous aimeriez revenir tourner ici...

Oui, j’ai un projet de film en cours d’écriture avec Didier Bourdon. J’aimerais le faire à Rennes. Mais ce sera complètement différent des «Beaux Gosses ». Je prépare aussi une adaptation cinéma de «Pascal Brutal» qui pourrait être tournée dans la région.

Avez-vous l’occasion d’y revenir?

Oui de temps en temps. Ça a beaucoup changé. On dirait que la ville s’est calmée. Dans mes souvenirs, Rennes c'était énergique et souvent dans l'excès. Ça me paraissait plus dynamique. Aujourd'hui, on dirait que cet esprit rock est parti. On dirait une ville résidentielle. A chaque fois que je reviens, je vois de nouveaux immeubles assez moches. En fait, j’adorerais ouvrir un bar à Rennes, le «Pascal Brutal». Mais je ne sais pas si c’est encore possible aujourd’hui. Je suis nostalgique des lieux comme les Tontons Flingueurs ou Rennes Musique.

Il y a cinq ans, votre film «Les Beaux Gosses» était sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes. Ça vous fait quoi de voir tout le monde sur la Croisette?

Rien. Je ne suis pas vraiment fan des festivals. C'est sympa mais ça ne représente pas l'essentiel de l'expression artistique.