Doraemon, le chat robot japonais des années 1970, à la conquête de l’Ouest
DESSIN ANIME•Le dessin animé, l’un des plus populaires au Japon, est diffusé depuis avril à la télévision française et doit débarquer aux Etats-Unis cet été...De notre correspondant à Tokyo, Mathias Cena
Doraemon, le robot bleu et blanc venu du futur, est un quasi-inconnu en France. Ce personnage de manga à l’apparence de chat sans oreilles, qui est l’un des plus célèbres au Japon, connaît pourtant un regain d’intérêt dans les pays occidentaux, 45 ans après sa naissance.
Seconde incursion en France
Les aventures du chat futuriste, dessinées par deux auteurs sous le nom de plume de Fujiko Fujio, ont été publiées pour la première fois en décembre 1969 dans des mensuels pour enfants. Les centaines d’histoires dessinées de cette production fleuve ont ensuite été regroupées en 45 volumes, parus jusqu’en 1994. En France, 23 tomes ont à ce jour été adaptés et publiés par la maison d’édition Kana, mais Doraemon reste relativement confidentiel dans l’Hexagone. Son plus grand connaisseur est peut-être Jean Reno, qui, collier à grelot au cou, incarne le chat bleu dans une série de publicités pour Toyota à la télévision japonaise.
L'adaptation télévisée, qui compte actuellement plus de 2.000 épisodes au Japon, a été diffusée dans 35 pays, principalement en Asie. En France, il n’a fait qu’une courte apparition en 2003 sur les écrans de M6 et Fox Kids, avant de retomber dans l’oubli. Jusqu’à cette année: depuis le 14 avril, la chaîne Boing en a repris la diffusion dans l’hexagone, tandis que les Etats-Unis s’apprêtent à montrer Doraemon à la télévision pour la toute première fois cet été.
Un quadra qui ne fait pas son âge
Pourquoi ce soudain retour en grâce? «Il y a actuellement un regain d’intérêt pour Doraemon dans tous les pays occidentaux», explique à 20 Minutes Stéphane Pasquier-Miyazaki, directeur des programmes de la chaîne Boing France, qui appartient au groupe Turner Broadcasting Systems. «La franchise, dessins animés et mangas, fonctionne très bien en Italie et en Espagne en particulier [où le groupe est également présent]. Tout le monde regarde ce qui se fait dans le pays d’à côté, donc tout le monde s’intéresse à nouveau à Doraemon.»
Au-delà de l’opportunité, les aventures du chat robot semblent avoir bien supporté les années. Muni de ses gadgets fantastiques, comme la porte qui permet de se téléporter ou l’hélice d’hélicoptère, qu’il range avec tous les autres dans sa «poche de la quatrième dimension», il est, après tout, censé venir du 22e siècle. Stéphane Pasquier-Miyazaki souligne que les scénarios, dans lesquels un petit garçon, Nobita, demande l’aide de Doraemon pour résoudre ses problèmes d’enfant, sont «universels».
Les baguettes qui deviennent des fourchettes
Si les situations traversent les époques, le cadre en revanche n’a pas été jugé assez universel aux Etats-Unis, où le dessin animé doit être diffusé pour la toute première fois à partir de cet été, sur la chaîne Disney XD. Outre l’adaptation des noms, les dessins et l’animation ont subi toute une série de changements pour les rendre «plus américains», comme des baguettes troquées pour des fourchettes, et se plier aux exigences de la loi.
Les 26 premiers épisodes de la version française, ceux-là même qui avaient été doublés pour la diffusion sur M6, ont connu moins de transformations, selon Stéphane Pasquier-Miyazaki. «A notre connaissance, il n’y a pas d’adaptation, à part le nom des personnages qui a un peu évolué. En 2003, la culture japonaise était moins connue, donc il y a des partis pris d’adaptation, par exemple remplacer Nobita [le compagnon humain de Doraemon] par Nobu, parfois on se demande un petit peu pourquoi ça a été fait.»
Doraemon l'ambassadeur
Côté Japonais, on souhaite exporter plus qu’un dessin animé. Les récents gouvernements conservateurs croient en effet dur comme fer aux pouvoirs de Doraemon, au moins pour assurer la «diplomatie du manga», locomotive du soft power nippon. Le chat bleu, qui avait été nommé «ambassadeur de l’animation» en 2008 par le gouvernement japonais, a aussi été choisi l’an dernier pour représenter la candidature de Tokyo à l’organisation des Jeux olympiques de 2020. Avec succès, puisque la capitale japonaise a empoché les Jeux. A présent, Doraemon a besoin d'un gadget pour conquérir le public français.