MUSIQUEFestivals de musique en France: Quelles tendances selon votre région?

Festivals de musique en France: Quelles tendances selon votre région?

MUSIQUELa Sacem a fait un état des lieux des festivals de musiques actuelles proposés dans l’Hexagone tout au long de l’année dernière. «20 Minutes» vous dévoile les chiffres et les tendances en avant-première…
Anaëlle Grondin

Anaëlle Grondin

Où que vous soyez dans l’Hexagone, vous n’êtes jamais bien loin d’un festival de musique. A l’occasion du Printemps de Bourges, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, en coopération avec le CNV (Centre national de la chanson, des variétés et du jazz) et l'Irma (Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles), dresse un état des lieux des festivals de musiques actuelles proposés en France en 2013. «L’offre est riche et variée sur tout le territoire, dans les zones denses comme les zones moins denses», a constaté Isabelle Fauvel, chargée d’études à la Sacem. Elle a toutefois remarqué que certaines régions avaient leur spécificité. La France peut ainsi être découpée en deux.

L’électro au nord. Marvellous Island, Villette Sonique, Festival Soy… De manière globale, les festivals de musiques amplifiées ou électroniques sont surreprésentés dans la partie nord de la France. «La musique électronique est très diffusée dans les pays frontaliers du nord de la France, il y a un échange de public qui s’opère très facilement avec le Royaume-Uni, la Belgique, le Luxembourg ou l’Allemagne», souligne Isabelle Fauvel. Des pays qui diffusent pas mal ce genre de musique en discothèque, note-t-elle. Autre élément qui permet d’expliquer cette spécificité, «les régions du nord sont davantage au contact d’univers urbains», renchérit Emmanuel Négrier, directeur des recherches au CNRS à l’université Montpellier-I et co-auteur du livre Festivals de musiques : un monde en mutation.

La tradition au sud. Fiesta des suds, Les temps chauds… Dans le sud, ce sont les festivals de musiques traditionnelles et du monde qui dominent. Emmanuel Négrier l’explique par «l’ouverture sur la Méditerranée, le bassin par excellence des musiques du monde». «Les lieux de passage et de métissage sont des lieux propices à certains types d’expressions musicales», souligne-t-il. Les politiques culturelles et structures mises en place sur le territoire expliquent également ces tendances. «Les festivals français se sont développés alors qu’il existait déjà des lieux culturels. Certaines nuances entre régions pour les genres musicaux peuvent s’expliquer par des interactions fortes entre les structures permanentes et les festivals», ajoute-t-il. Selon Emmanuel Négrier, «c’est plutôt l’offre qui conditionne la demande que l’inverse.»

Le jazz en fête. Malgré tout, ce sont les festivals de jazz, blues et musiques improvisées qui sont les plus nombreux en France. Ils représentaient en 2013 près d’un tiers des festivals de musique (28%). Ils sont talonnés par les musiques électroniques et amplifiées (24%), puis viennent les festivals de musiques actuelles sans distinction où plusieurs genres comme le rock et la chanson se côtoient (21%), les festivals de musiques traditionnelles et du monde (18%) et enfin les festivals de chanson (9%). La Sacem ne s’est pas penchée sur les festivals de musique classique.

Longévité

La moitié des festivals de musiques actuelles ont moins de dix ans. Les festivals les plus vieux sont en Bretagne (Les Filets Bleus, 108 ans, Cornouaille, 90 ans). Pour Isabelle Fauvel, «il y a là-bas un lien fort entre musique et fête traditionnelle. Ces festivals s’inscrivent dans le patrimoine local». Les festivals les plus récents, eux, font surtout la part belle à l’électro. «Depuis la crise, beaucoup de festivals ont réduit leur activité et d’autres, plus proches du marché, se sont créés», avance Emmanuel Négrier. Pour Isabelle Fauvel, «cela fait partie de ce que les gens ont envie d’entendre. Et on a des pointures de l’électro en France».