Qui de Lemaitre, Tuil, Verger ou Toussaint est le plus «goncourable»?
LITTERATURE•«Au revoir là haut» de Pierre Lemaitre est le grand favori. Mais rien n’est joué… Quid des trois autres? «20 Minutes» vous livre ses pronostics...Alice Coffin, Annabelle Laurent et Stéphane Leblanc
Ils ne sont plus que quatre en lice. Qui succédera à Jerôme Ferrari? La réponse sera donnée ce lundi à 12h45 précises chez Drouant. En attendant, 20 Minutes vous livre ses pronostics. Alors qu’Au revoir là haut, le roman acclamé de Pierre Lemaître, est sur toutes les lèvres, impossible de s’avancer sur la décision finale. Mais en 110 ans d’existence, l’Académie Goncourt a dévoilé quelques penchants… L’entrée du mot «goncourable» dans le Petit Robert 2014 n’est pas un hasard. Alors, qui est le plus «goncourable»?
Au revoir là haut de Pierre Lemaître (Albin Michel)
Ses atouts: Le succès populaire et la fresque historique. Tout le monde le donne gagnant. Déjà tiré à 100.000 exemplaires, son succès en librairie est fulgurant. Le récompenser donnerait un coup de pouce bienvenu aux libraires et à l’édition, et l’Académie aime récompenser des romans populaires. «On s’adresse au grand public», rappelle Pierre Assouline. Acclamé par la critique, venu du polar, Lemaître livre une œuvre époustouflante sur le sort de deux rescapés abîmés de la Grande Guerre. Une fresque historique: +50 points de goncourabilité.
Ses faiblesses: Il est en lice pour cinq autres prix littéraires et pourrait, selon les libraires, être choisi pour le Goncourt des Lycéens.
Taux de goncourabilité: 40%
Nue de Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
Ses atouts: Le style, une valeur sûre. Jean-Philippe Toussaint avait été coiffé au poteau par Marie N’Daye en 2009. Il présentait alors le troisième volet d’une quête amoureuse faite de ruptures et de réconciliations entre son narrateur et une une certaine Marie. Nue signe la fin d’une tétralogie qui aura marqué une décennie de littérature de l’élégance d’une écriture romanesque légère et gracieuse, et par les images qui s’en dégagent, d’une force parfois proprement hallucinante.
Ses faiblesses: L’absence d’effet de surprise de revoir Toussaint à ce niveau de la compétition et le risque de donner l’impression de lui attribuer le Goncourt à l’usure.
Taux de goncourabilité: 32%
L’invention de nos vies de Karine Tuil (Grasset)
Ses atouts: «L’écriture n’est qu’une façon comme une autre de conquérir et de conserver une place sociale.» Cette citation pourrait illustrer tout prix littéraire. On le voit, Karine Tuil est donc en phase avec la mécanique du Goncourt. Mention spéciale pour son habileté à jouer les réseaux sur Twitter et les plateaux. Un monde de mensonges et d’impostures qu’elle connaît, pour l’avoir décrit dans ce roman des destinées fracassées.
Ses faiblesses: Il est beaucoup, et bien, question du féminisme dans le roman. L’auteure ne sera pas surprise d’apprendre qu’en tant que femme son taux de goncourabilité chute drastiquement. Neuf fois sur dix depuis 1903, le Goncourt a été attribué à un homme.
Taux de Goncourabilité: 16%
Arden de Fréderic Verger (Gallimard)
Ses atouts: La surprise de l’«outsider». Professeur agrégé de 54 ans d’un lycée de banlieue parisienne, Verger signe un premier roman exubérant et foisonnant, une histoire d’amitié entre un directeur d’hôtel de luxe et un tailleur juif dans un pays imaginaire en guerre. Quand on se veut prescripteur (l’esprit historique du Goncourt est de récompenser l’audace d’un auteur pas encore confirmé), couronner la révélation de la rentrée est tentant.
Ses faiblesses: Trop «outsider», justement. En premiers romans, l’Académie a déjà donné, avec Jonathan Littell en 2006 et surtout Alexis Jenni (prof, lui aussi) en 2011. Arden est par ailleurs déjà en lice pour les prix Médicis et Décembre.
Taux de goncourabilité: 12%