Bertrand Cantat: «Je ne suis pas dans le déni de ce qui s'est passé»
•MUSIQUE – L'ex-chanteur de Noir Désir parle pour la première fois de la mort de Marie Trintignant dans un entretien aux «Inrockuptibles» à paraître mercredi...A.L
Depuis dix ans, l’entourage direct de Bertrand Cantat répond aux Inrockuptibles qu’un jour, il «parlera». A l’approche de la sortie de son album Horizons, le 18 novembre prochain, le chanteur a parlé. «Pour la première et la dernière fois sans doute, Bertrand Cantat s’est exprimé, lors d’un entretien de trois heures», écrit l’hebdomadaire. «Grave et concentré, Bertrand Cantat ne s’est jamais défilé.»
«Je suis devenu cet assassin qui tue sciemment»
Bertrand Cantat revient pour la première fois sur le drame de Vilnius, survenu il y a dix ans. Il raconte: «Dès la première seconde, j’ai été dépossédé de l’histoire, du drame lui-même (…). Très vite, le traitement de ce drame a été orchestré (…). Mes remords, ma souffrance, ma sensibilité, ça ne marchait pas dans cette histoire (…). Je suis alors devenu cet assassin qui tue sciemment.»
«Je sais que j’ai commis l’irréparable»
«Sans les enfants, je me serais suicidé en prison», poursuit-il. «J’aurais été bien plus tranquille si on m’avait laissé le faire.» Puis, plus loin: «Je ne suis pas dans le déni de ce qui s’est passé, je sais que j’ai commis l’irréparable. Je refuse juste de laisser qui que ce soit inventer des histoires, se greffer sur la nôtre. J’ai été jugé, je n’ai pas été protégé par qui que ce soit. J’ai évidemment accepté la justice. Mais pas la vengeance.»
«Son acte lui appartient»
Interrogé sur le suicide en 2010 de Cini (Kriztina Rady), son ex-épouse et la mère de ses deux enfants, dont certains l’accusent, il répond: «Mon Dieu… Ça permet de continuer le feuilleton, d’accorder un peu de gloire à des gens qui en rêvent. Récemment, les parents de Cini ont passé une semaine chez nous, ça a été très chaleureux (…) On leur a fait croire que j’étais un assassin, avant qu’ils ne s’aperçoivent qu’on les avait instrumentalisés.»
Le parquet de Bordeaux a indiqué la semaine dernière qu'il allait faire auditionner un ancien compagnon de Kristina Rady, qui estime que la jeune femme a pu en arriver là après des violences conjugales.
Il ajoute: «Je ne ferai pas de grandes révélations sur Cini, son acte lui appartient, et tout ce que je peux lui dire, c’est qu’il y a une grande complexité derrière. Ça a été terrible à vivre –ça l’est toujours– et chaque proche se demande ce qu’il n’a pas vu, pas fait ou fait. Moi le premier, mais les raccourcis et les accusations délirantes me concernant sont inacceptables.»